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Un regard sur l'Afrique

 
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Calvinius

Administrateur


Inscrit le: 14 Mar 2004
Messages: 377
Localisation: Nîmes

MessagePosté le: Jeu Mai 01, 2008 10:32    Sujet du message: Un regard sur l'Afrique Répondre en citant

Culte à l’Eglise Protestante du Sénégal, Centre Liberté (Dieuppeul)
27 avril 2008
Prédication par le Pasteur Vincent BRU
De l’Eglise Réformée Evangélique (France)

Lectures bibliques :

Proverbes 1.1-7 ; 1 Corinthiens 1.26-29 ; Luc 4.18-19

Proverbes 1.7 : « La crainte de l’Eternel est le commencement de la sagesse » !

1 Corinthiens 1.26 : « Dieu a choisi les choses faibles du monde pour confondre les fortes… »

Luc 4.18 :
« L'Esprit du Seigneur est sur moi,
Parce qu'il m’a oint,
pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres ;
Il m'a envoyé pour guérir ceux qui ont le coeur brisé
19 Pour proclamer aux captifs la délivrance,
Et aux aveugles le recouvrement de la vue,
Pour renvoyer libres les opprimés,
Pour publier une année de grâce du Seigneur. »



Chers frères et sœurs en Christ, c’est la dernière fois qu’il m’est donné de prêcher au milieu de vous, dans votre Eglise de Dieuppeul, étant donné que je rentre en France le lundi 5 mai, et que dimanche prochain aura lieu la fête des moissons à l’Eglise du Plateau, qui regroupera les deux Eglises.

Aussi, j’ai pensé partager avec vous les textes bibliques qui vous ont été lus et qui ont traversé mon esprit ces dernières semaines, des textes que Dieu m’a mis à cœur de partager avec vous, parce que je pense qu’ils expriment bien ce qui se vit ici en Afrique, plus particulièrement au sein de l’Eglise protestante du Sénégal.

Ces textes-là sont vraiment très forts, je trouve, très puissants, tellement ils bousculent nos idées, nos coutumes, nos habitudes, comme c’est le propre de la Parole de Dieu qui, selon le prophète Esaïe, ne revient jamais à Dieu sans effet, sans avoir accompli sa volonté.

Esaïe 55.11 : « Ainsi en est-il de ma parole, qui sort de ma bouche : elle ne retourne point à moi sans effet, sans avoir exécuté ma volonté et accompli mes desseins. »

Il faudrait que tous les hommes les entendent, ces textes-là, car je crois vraiment qu’ils constituent le cœur du message chrétien, du message de l’Evangile, et aussi qu’ils ont une portée prophétique – osons le mot ! –, et ce, tant pour l’Afrique que pour l’Occident.

Il y a beaucoup de choses, beaucoup de vérités exprimées ici, mais on peut néanmoins les résumer par trois propositions, trois affirmations.

La première affirmation, la première vérité, c’est que rien n’est plus important pour notre vie ici-bas que la crainte de Dieu.

C’est écrit sur le mur de l’Ecole du Centre Liberté – cela ne m’a pas échappé – :

Proverbe 1.7 : « La crainte de l’Eternel est le commencement de la sagesse ».

La crainte de Dieu, qu’est-ce donc ?

La crainte de Dieu, c’est le respect adorant de Dieu, et de ce respect adorant, de cette crainte respectueuse de Dieu découle notamment le commandement central de la Loi de Moïse, de la Loi de Dieu, du Décalogue : « Honore ton père et ta mère » (Exode 20.12 ; Deutéronome 5.16).

Le respect des anciens, le respect des autorités, de la famille, le respect aussi des personnes âgées, des vieillards, qui est une réalité ici en Afrique, comme j’ai pu le constater bien des fois.

Comme dit l’Ecriture :

Lévitique 19.32 : « Tu te lèveras devant les cheveux blancs, et tu honoreras la personne du vieillard. Tu craindras ton Dieu. Je suis l'Éternel. »

Quelque chose de cette crainte respectueuse de Dieu s’exprime dans la formule que l’on entend ici au Sénégal quasi sur toutes les bouches, et qui en dit long : « Dieu est grand » !

Les musulmans eux-mêmes, avec les lumières dont ils disposent à travers les lignes du Coran qui reprennent sur un certains nombre de points – et malgré les nombreuses divergences – des affirmations de l’Ecriture sainte, de la Bible, disent en arabe : « ALLA hou Akbar », ce qui signifie la même chose : « Dieu est grand » !

C’est une manière de placer Dieu à sa place, c'est-à-dire la première, de reconnaître au Créateur la place centrale, et de remettre aussi, par-là même, l’homme à sa place, la place que Dieu lui a conféré au commencement.

Faire acte d’humilité devant le Créateur et Souverain Gouverneur du monde, plutôt que de vouloir prendre sa place – tel Prométhée dans la mythologie grecque… C’est cela le Péché avec un grand « P » : l’orgueil, la volonté d’autonomie par rapport à Dieu, vouloir être, à soi-même, et pour soi-même son propre dieu.

Reconnaître le lien de dépendance absolu qui existe entre Dieu et ses créatures, plutôt que d’exprimer sa révolte contre Lui.

« La crainte de Dieu est le commencement de la sagesse » !


La deuxième affirmation, la deuxième vérité sur laquelle je souhaite attirer votre attention ce matin, et qui ressort des textes que nous avons lus, c’est que l’Evangile s’adresse aux humbles, aux petits, c’est-à-dire à ceux qui reconnaissent leur faiblesse, leur misère devant Dieu, leur péché, et qui s’attendent à lui vraiment.

Voilà pourquoi il est écrit que Dieu résiste aux orgueilleux, mais qu’il accorde sa grâce aux humbles.

1 Pierre 5.5 : « De même, vous qui êtes jeunes, soyez soumis aux anciens. Et tous, dans vos rapports mutuels, revêtez-vous d'humilité ; car Dieu résiste aux orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles. »

De même, dans le célèbre Cantique de Marie :

Luc 1.51-53 : « Il a déployé la force de son bras ;
il a dispersé ceux qui avaient dans leur cœur des pensées orgueilleuses,
Il a fait descendre les puissants de leurs trônes,
Elevé les humbles,
Rassasié de biens les affamés,
Renvoyé à vide les riches. »

C’est aussi là ce qu’exprime l’Apôtre Paul dans son Epître aux Corinthiens :

1 Corinthiens 1.26 : « Considérez, frères, que parmi vous qui avez été appelés il n'y a ni beaucoup de sages selon la chair, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de nobles.
Mais Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre les sages ;
Dieu a choisi les choses faibles du monde pour confondre les fortes ;
28 et Dieu a choisi les choses viles du monde et celles qu'on méprise, celles qui ne sont point, pour réduire au néant celles qui sont,
29 afin que personne ne se glorifie devant Dieu. »

J’aimerai aujourd’hui vous dire que ces textes-là évoquent beaucoup de choses pour moi, depuis le début de mon séjour en Afrique ; c’est comme si ces textes avaient pris possession de moi – au bon sens du terme. Ils m’accompagnent tout le jour et nourrissent mes pensées à chaque instant.

Voyez-vous, dans notre monde, il y a deux catégorie d’individus – et cela est vrai aussi pour les nations – : il y a ceux qui se croient forts, les puissants, ceux qui ont le pouvoir, ceux qui sont riches, et puis il y a les faibles, les pauvres, ceux qui n’ont pas le pouvoir, ce qui n’ont pas la force avec eux.

Notre monde fonctionne trop souvent en suivant la loi de la jungle – vous connaissez l’expression !

C’est la loi du plus fort : les plus robustes, les plus adaptés, les plus malins, les plus riches, écrasent les plus faibles, les inadaptés, ceux qui ont du mal à suivre le mouvement, qui peinent à décoller, politiquement, économiquement.

L’Evangile, frères et sœurs, renverse complètement, j’allais dire de fond en comble, cette logique inhumaine.

Certes, il ne s’agit pas de dire que désormais ce sont les faibles qui renversent les forts.

Surtout pas !

La lutte des classes prônée par l’idéologie marxiste, et qui a donnée naissance au communisme – qui a causé, dit-on, plus de 80 millions de morts dans le monde… – est un concept étranger à l’Ecriture sainte, à la Bible, et ce, malgré les éléments de vérité que l’on peut y trouver. La Parole de Dieu ne pose pas le problème en ces termes. L’opposition ne se situe pas entre riches et pauvres, mais entre ceux qui – riches comme pauvres – sont mus par la crainte de Dieu et ceux qui ne le sont pas, ceux qui s’opposent à Dieu, qui sont en situation de révolte contre le Créateur, qui refusent de s’en remettre à Dieu seul pour leur Salut.

C’est là ce qu’exprimait jadis le grand st Augustin, au 5e siècle après Jésus-Christ, un africain du reste… : « Deux amours ont fait deux Cités : l’amour de Dieu poussé jusqu’au mépris de soi a fait la Cité céleste ; l’amour de soi poussé jusqu’au mépris de Dieu a fait la cité terrestre. » !

L’opposition se situe bien entre Dieu et Satan, entre la Foi et l’Incrédulité, entre la Cité céleste dont le fondement n’est autre que l’amour de Dieu et du prochain – le grand commandement n’est-il pas « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton être et ton prochain comme toi-même » ?! – et la cité de ce monde dont le fondement n’est autre que la révolte, la rébellion de l’homme contre son Créateur, la haine de Dieu et du prochain, la volonté de puissance qui anime tous ceux qui refusent de reconnaître leur dépendance à l’égard de Dieu et qui rejettent son amour de Père, comme dans la Parabole du Fils prodigue… (Luc 15.11ss)

Entendons-nous bien, dans la perspective chrétienne, les pauvres ne sont pas moins pécheurs que les riches ! et les riches, comme les pauvres, peuvent être, et sont véritablement, l’objet de la miséricorde de Dieu, du Salut de Dieu, et être mis au bénéfice de sa Grâce !

Seulement, l’accès au salut leur est, pour ainsi dire, facilité, aux pauvres, par leur situation de faiblesse, de précarité.

Les riches au contraire, les puissants peuvent être tentés – et ils le sont souvent – de s’illusionner, en imaginant qu’ils n’ont nul besoin d’un Sauveur, car le monde – pensent-ils – leur appartient !

Ce sont, selon l’expression consacrée, des « esprits forts », qui n’ont nul besoin du secours de la foi, de la religion – c’est là ce qu’ils disent. Leur devise d’ailleurs n’est-elle pas – et cela remonte au 18e siècle, le siècle dit des « lumières », les lumières de la raison d’un homme devenu, soi-disant, adulte et autonome, qui remplacent « la Lumière » de l’Evangile, le siècle de la Révolution qui entend faire table rase du passé – : « Ni Dieu, ni maître » ! Comme s’il était seulement possible que l’homme puisse ainsi se passer de Dieu, vivre sans Dieu, et être à soi-même son propre dieu, son propre sauveur ! Pure illusion que cela, car en réalité, « l’homme est un loup pour l’homme », comme dit le philosophe. Les « esprits forts » sont en réalité bien mal éclairés sur la véritable condition et situation de l’homme depuis la Chute pour imaginer ainsi pouvoir se passer de Dieu.

L’homme ne peut, en réalité, pas plus se passer de Dieu que la terre de la lumière du soleil, ou que nos corps de nourriture et d’eau ! car, selon les mots de l’Apôtre Paul :

Actes 17.28 : « en Dieu nous avons la vie, le mouvement, et l'être. »

Ainsi donc, à ceux-là, à ceux qui se croient riches, tandis qu’en réalité ils sont pauvres, à ceux qui se croient forts, tandis qu’en réalité ils sont faibles, à ceux qui se croient bien portants, tandis qu’en réalité ils sont spirituellement malades, à ceux qui se croient éclairés, tandis qu’en réalité ils sont aveugles aux réalités de la foi, à ceux qui pensent posséder le monde entier, tandis qu’en réalité ils sont nus devant Dieu, Jésus dit :

Matthieu 16.26 : « Et que servirait-il à un homme de gagner le monde entier, s'il perdait son âme ? ou, que donnerait un homme en échange de son âme ? »

Et encore :

Matthieu 19.24 : « Je vous le dis encore, il est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu’à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu. »

Voilà pourquoi, aussi, la Parole de Dieu proclame, pour évoquer la venue de Dieu au milieu des hommes en son Fils Jésus-Christ :

Luc 1.51-53 :
« Il a déployé la force de son bras ;
il a dispersé ceux qui avaient dans leur cœur des pensées orgueilleuses,
Il a fait descendre les puissants de leurs trônes,
Elevé les humbles,
Rassasié de biens les affamés,
Renvoyé à vide les riches. »

En Jésus-Christ Dieu est venu afin d’élever les humbles, ceux qui reconnaissent leur pauvreté spirituelle devant Dieu, et abaisser les orgueilleux, ceux qui se croient forts, qui ont dans leur cœur des « pensées orgueilleuses », les puissants !

Nous autres occidentaux, nous oublions souvent cette loi spirituelle dont parle ce texte – Dieu résiste aux orgueilleux et accorde sa grâce aux humbles –, tellement nous sommes imbus de notre supériorité économique, de nos avancées technologiques, scientifiques, de notre civilisation moderne.

Il nous arrive de regarder de haut ceux qui ne nous semblent pas être en mesure de suivre le rythme, la cadence, qui restent sur le bord du chemin.

Ce n’est assurément pas là la bonne attitude.

Jésus ne dit-il pas, en effet, que le plus grand parmi nous doit être le serviteur de tous – il faudrait vraiment que nos politiques comprennent cela… –, et que lui-même – à qui tout pouvoir, toute autorité ont été donné, et dont toutes autres autorités dans ce monde découlent (Matthieu 28.18 ; Romains 13) – est venu dans ce monde non pour être servi mais pour servir et donner sa vie pour la multitude ?

Matthieu 20.28 : « C'est ainsi que le Fils de l'homme est venu non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude. »

Luc 22.26 : « Que le plus grand parmi vous soit comme le plus petit, et celui qui gouverne comme celui qui sert. »

Et encore :

Matthieu 18.4 : « Celui-là donc qui se fera petit comme cet enfant, voilà le plus grand dans le Royaume des cieux. »

L’Evangile nous invite à la miséricorde, à la solidarité, à l’amour, ou pour dire les choses aux couleurs du pays : à la Terranga : l’accueil de l’autre, l’hospitalité tel que cela se vit ici en Afrique, et peut-être plus particulièrement ici au Sénégal.

L’occidental que je suis ne peut que s’incliner devant vous ce matin, car nous avons tout à apprendre de vous dans ce domaine. Assurément.


La troisième affirmation enfin, c’est celle qui découle du texte de l’Evangile selon Luc que j’ai lu tout à l’heure et que je vous relis tellement celui-ci me semble porteur d’une joyeuse et inébranlable espérance pour notre humanité, pour notre monde, et plus particulièrement pour tous ceux qui souffrent :

Luc 4.18 : « L'Esprit du Seigneur est sur moi,
Parce qu'il m’a oint, pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres ;
Il m'a envoyé pour guérir ceux qui ont le coeur brisé
19 Pour proclamer aux captifs la délivrance,
Et aux aveugles le recouvrement de la vue,
Pour renvoyer libres les opprimés,
Pour publier une année de grâce du Seigneur.

Quel programme !

Dieu se préoccupe des pauvres, de la veuve et de l’orphelin, de ceux qui ont le cœur brisé, des victimes de la guerre, des captifs, ceux qu’on livre en esclavage, qu’on prive de liberté.

Dans ce monde torturé, voici que le Seigneur Jésus-Christ proclame : je suis venu pour proclamer aux captifs la délivrance, et aux aveugles le recouvrement de la vue !

Pour renvoyer libre les opprimés !

Pour publier une année de grâce du Seigneur !

C’est un message de grâce, de pardon, de réconciliation, pour tous ceux qui veulent bien l’entendre.

Certes, et au risque de me répéter, il ne s’agit pas ici d’opposer les riches et les pauvres, ceux qui se croient forts et ceux qui se savent faibles, mais simplement, il s’agit de reconnaître que le Salut ne peut venir que de Dieu seul, et que pour que de vrais changements puissent s’opérer dans notre monde, il convient que chacun reconnaisse sa pauvreté spirituelle, sa situation d’homme pécheur, d’homme révolté contre Dieu depuis la Chute d’Adam, afin de s’ouvrir à la réalité de la Grâce, du Salut.

Car Dieu résiste aux orgueilleux ! C’est une réalité !

Dieu résiste aux orgueilleux ! à ceux qui se croient forts, tandis qu’en réalité ils sont faibles.

Dieu résiste à ceux qui s’élèvent !

Mais il fait grâce aux humbles ! Cela aussi est une réalité !

Ici en Afrique, j’ai vu beaucoup de misère et de pauvreté. Mais aussi beaucoup de joie et de reconnaissance exprimées, beaucoup de gentillesse aussi : c’est la fameuse Terranga sénégalaise ! encore que l’on puisse parler, sans doute, de Terranga africaine, tout simplement !

C’est une réalité.

D’où vient cette force, cette joie ? Qu’est-ce qui manque à nos pays occidentaux qui ont tant de difficulté aujourd’hui à se laisser porter par une ferme et joyeuse espérance, et qui expriment souvent beaucoup de tristesse – les philosophes parlent de désenchantement, le désenchantement du monde, de nos sociétés modernes, un monde privé de musique et de chant, un monde mécanisé, chosifié, où l’on nous traite trop souvent comme des numéros, des robots, de simples objets, et où l’on peine vraiment à trouver un sens à la vie.

Il suffit de se promener dans les métros parisiens pour s’en rendre compte : si peu de regards échangés, de gestes amicaux, et tellement de méfiance exprimée, de suspicion, voire de peur, parfois même. Il faut avoir vécu cela – j’ai vécu 8 ans à Paris, donc je sais de quoi je parle – pour mesurer combien la mentalité ici en Afrique est différente, et combien cela fait chaud au cœur, vraiment, de constater et de vivre ce regard tendre et souriant porté sur les êtres et les choses.

Bien que l’on puisse leur reconnaître bien des qualités, l’accueil n’est assurément pas le fort des pays occidentaux, tout empêtrés qu’ils sont dans le matérialisme et l’individualisme ambiants.

Trop de gens s’imaginent que le bonheur est lié au nombre de biens, d’objets que l’on possède – comme le dit la chanson d’Alain Souchon : « on nous fait croire que le bonheur c’est d’avoir de l’avoir plein nos armoires ! » –, tandis qu’en réalité – et c’est la leçon que vous nous donnez, ici, en Afrique –, il est de l’ordre du relationnel : aimé, être aimé, se respecter mutuellement et se sentir membre d’une communauté fraternelle et solidaire, où chacun a sa place, légitime.

Ici, au Sénégal, beaucoup de gens vivent dans une extrême pauvreté – pauvreté qui, est-il besoin de le dire, doit être combattue par tous les moyens. Pourtant, nombre d’entre eux ne semblent pas si malheureux que cela. La dépression ne semble pas être un problème dans ce pays, tandis que c’est un véritable fléau en europe. Il n’y a pas non plus comme c’est trop souvent le cas dans les pays occidentaux, de problème d’obésité, de boulimie – société de consommation oblige ! on dit que c’est la deuxième cause de mortalité aux Etats-Unis… –, encore moins d’anorexie qui est une maladie de l’homme moderne, symptôme grave d’une société en perte de sens, de spiritualité, d’humanité donc aussi, et qui nous jette à la figure tous ses objets de consommation sensés apporter le bonheur, la plénitude, à défaut de pouvoir apporter de vraies réponses aux vraies questions que tout homme sensé doit ou devrait se poser : le fameux « qui suis-je, d’où vins-je ? où vais-je ? » du peintre Gauguin.

Mais d’où vient donc cette difficulté de l’homme moderne à s’ouvrir ainsi à l’autre et à la vie ?

J’ai envie de dire – et je le dis sans jugement, mais avec tout l’amour que je porte pour mon pays et pour le monde occidental dans son ensemble –, j’ai envie de dire, et c’est là une conviction profonde mûrie par des années d’expérience et de réflexion, que ce qui manque le plus à nos nations occidentales, et qui est encore bien présent ici en Afrique avec des expressions certes variées, et sans non plus idéaliser – il ne faut pas être naïfs ; je connais aussi les travers et les faiblesses des africains – : c’est la crainte de Dieu.

Ce qui nous renvoie à notre première affirmation : la crainte de Dieu, le respect adorant de Dieu, l’honneur dû à Dieu, dont nous dépendons absolument.

Là où Dieu est absent, chers amis, il ne peut y avoir que tristesse et confusion.

Là où Dieu n’est pas reconnu, où la crainte de Dieu n’est pas présente, c’est le spectacle douloureux de la mort, de la désillusion, du non sens qui s’installe, tenace !

Tout commence par là ! Car la crainte de Dieu est le commencement de la sagesse, de la connaissance, et donc aussi de la joie et de la vie !

Le sens de la vie et de la fête, la joie de vivre, la reconnaissance malgré et par-delà le spectacle douloureux de la mort, dépend de ce lien d’amour, de ce lien filial avec celui d’où découle toute vie, notre bon Père céleste.

Le Réformateur français Jean Calvin exprime cela très bien au début de son Institution de la Religion Chrétienne, en affirmant que Dieu est, véritablement, la source de toute justice et de tout bien, et que nous ne pouvons nous connaître vraiment nous-mêmes qu’à la lumière de cette connaissance que Dieu nous donne de Lui-même dans sa Parole.

C’est parce que Dieu est Amour, Lumière et toute Bonté que nous aspirons ainsi à aimer et à être aimés, et que c’est l’amour qui doit mener le monde, la lumière, le bien, pas la haine, l’obscurité, le mal.

Dieu est Amour et tout amour vient de lui.

1 Jean 4.7 : « Mes bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, car l'amour vient de Dieu, et quiconque aime est né de Dieu et parvient à la connaissance de Dieu. »

Dieu est Amour !

Jésus-Christ en est la preuve incarnée ! Il est venu afin d’annoncer une bonne nouvelle aux pauvres ! afin de guérir ceux qui ont le cœur brisé !

Jean 3. 16 : « Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle ! »

L’Apôtre Paul dit de même :

2 Corinthiens 5.17 : « Si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle création. Les choses anciennes sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles. » !

Il y a un cantique que vous chantez souvent ici à l’Eglise de Dieuppeul et que j’aime beaucoup, et qui exprime remarquablement, avec des mots forts simples mais tellement vrais, cette réalité du Salut qui ne se trouve qu’en Jésus-Christ seul et qui seule peut remplir vraiment notre cœur d’une joyeuse espérance, plus que n’importe quel trésor de ce monde, comme vous le vivez ici en Afrique :

« J’aime mieux avoir Christ que l’or fabuleux,
J’aime mieux avoir Christ qu’un palais somptueux,
J’aime mieux avoir Christ que la renommée,
J’aime mieux qu’il me guide par sa main percée,
Que d’être un grand roi vêtu de fin lin,
Mais le cœur désert sans lui…
J’aime mieux avoir Christ que les plus grands biens
Que le monde offre aujourd’hui. »


Chers amis africains, merci pour ce que vous êtes !

Merci au Seigneur pour toute l’expression de joie et de fête qui se lit sur vos visages et se décline dans vos chants, vos prières, vos coutumes aussi, vos traditions d’accueil et d’hospitalité.

Soyez fiers de ce que vous êtes, et priez pour que nous autres occidentaux, puissions, comme tout à nouveau, redécouvrir la splendeur du message de l’Evangile, et nous tourner vers Celui qui en est l’Auteur, de cette joie, de cet amour, de cette simplicité sereine et tendre, de ces sourires et de ces mains levées en signe d’accueil, sur le chemin, de ces regards échangés qui en disent long, de ces relations franches et amicales qui font que l’on se sent de suite accueilli et reconnu, comme une personne importante, qui a du prix, que l’on peut tutoyer et appeler par son prénom – comme vous le faites ici en Afrique – parce que considérée a priori comme un frère, non pas un étranger.

Et par-dessus tout, priez pour que la crainte, le respect adorant de Celui dont découle toute vie et tout amour nous anime véritablement à nouveau.

Souvenez-vous du discours fameux du pasteur Martin Luther King : « J’ai fait un rêve » !

Je rêve qu’un jour tous les hommes se tiennent la main, et que cesse les guerres, les discriminations, la tyrannie !

Il nous est permis de rêver, frères et sœurs, car en Jésus-Christ tout devient possible ! Et ce que nous vivons aujourd’hui dans cette Eglise, et ce qui se vit ici à Dakar au sein de l’Eglise Protestante du Sénégal, comme partout ailleurs dans le monde où Dieu rassemble son peuple, en est la preuve.

La fraternité et l’amour doivent triompher, et cela se fera.

Que Dieu nous soit en aide. Amen !
_________________
" Il n'est pas de domaine de la vie des hommes dont le Christ ne puisse dire : "c'est à moi"" (Abraham Kuyper)
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