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Le baptème des enfants
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Avel

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Inscrit le: 18 Mar 2004
Messages: 189
Localisation: Paris

MessagePosté le: Ven Juil 02, 2004 14:21    Sujet du message: Le baptème des enfants Répondre en citant

Je ne sais pas pourquoi... J'ai eu envie de mettre cette article. Mr. Green

Article de "La revue réformée" :

La réponse de Calvin à la protestation anabaptiste.

Calvin ne s’est pas nettement démarqué de la pratique pédobaptiste latine. La mise en cause du baptême des nourrissons vient des anabaptistes, qui consacrèrent à ce sujet le premier article de la confession de foi qu’ils rédigèrent à Schleitheim, près de Schaffhouse, en février 1527, sous le titre «Entente fraternelle». Calvin a analysé cet article et y a répondu.

J’exposerai le pédobaptisme du Réformateur en examinant d’abord ses remarques sur l’article de Schleitheim et sur les textes bibliques cités, et en présentant ensuite les textes fondant sa lecture.

Une remarque initiale s’impose: le fondement du pédobaptisme de Calvin ne doit pas être cherché dans un conservatisme ni dans la difficulté à surmonter un courant puissant – le pédobaptisme généralisé depuis le Ve siècle – mais dans une ferme conviction. En prônant avec assurance et vigueur le baptême des nouveau-nés des fidèles, Calvin est persuadé d’exprimer la volonté de Dieu, révélée dans les Saintes Ecritures.

I. La protestation anabaptiste et les remarques de Calvin

1. L’article 1 de l’Entente fraternelle

Il réserve le baptême «à tous ceux qui ont appris la repentance... croient... que leurs péchés ont été ôtés par le Christ... veulent marcher dans la résurrection de Jésus-Christ...». Conception qui entraîne la conclusion: «Par là se trouve exclu tout baptême d’enfants, la pire et la première abomination du pape.» Ce fut pourtant la pratique de toutes les Eglises issues de la Réforme du XVIe siècle. L’article se termine par six textes néotestamentaires présentés comme «le fondement et le témoignage de l’Ecriture et de l’usage des apôtres». Il convient d’examiner d’abord ces textes fondateurs de l’anabaptisme.

i) Matthieu 28:19

Au sujet de ce verset, Calvin remarque:

Puisqu’ils se fondent si étroitement sur l’ordre et la disposition des mots, prétendant qu’il faut instruire avant de baptiser, et croire avant de recevoir le baptême... parce qu’il est dit: Instruisez et baptisez...; par la même raison il nous serait loisible de répliquer qu’il faut baptiser avant d’enseigner..., vu qu’il est dit: Baptisez, les enseignant de garder...

Mais jouer sur l’ordre des mots ne présente aucun intérêt. Le sens du verset est clair: «On doit prêcher l’Evangile à ceux qui sont capables d’ouïr, avant de les baptiser.» C’est de ceux-là qu’il s’agit: «C’est donc bien pervertir les paroles du Seigneur que d’exclure sous ombre de cela les petits enfants du baptême.»

ii) Marc 16:16

«Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé...» Cette parole du Ressuscité aux onze concerne «ceux qui sont capables d’être enseignés et qui auparavant n’ont été de l’Eglise chrétienne». Pour Calvin, il est impératif de tenir compte des destinataires des paroles de l’Ecriture. Pour bien se faire comprendre, il illustre son propos: «Il est dit que celui qui ne travaille point, ne doit pas manger. Nul n’est si cruel pourtant, de condamner les petits enfants à mourir de faim.» Ce texte ne s’applique pas aux petits enfants. L’article cite ensuite quatre passages des Actes des Apôtres.

iii) Actes 2:38

La réponse de Pierre à la question de ses auditeurs montre que la repentance précède le baptême.

iv) Actes 8:36-37

L’eunuque éthiopien qui vient de confesser sa foi est baptisé par Philippe.

v) Actes 16:31

Paul et Silas, après leur libération miraculeuse, déclarent au geôlier de Philippes: «Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et ta famille.» Après une catéchèse de quelques minutes ou de quelques heures, dans la même nuit, «il fut baptisé, lui et tous les siens». La foi d’un homme, le chef de famille, a suffi à le sauver lui et sa famille et à permettre le baptême de tous.

vi) Actes 19:4-5

Une douzaine d’hommes qui avaient été atteints par la prédication du Baptiste sont enseignés par Paul, puis baptisés.

Concernant la conversion du geôlier de Philippes, Calvin note:

... En un homme qui avait été étranger de l’Eglise, la doctrine doit bien précéder le Sacrement, mais depuis que Dieu l’a reçu en communion de ses fidèles... la promesse de vie lui est faite pour ses enfants, comme pour lui.

Au sujet de ce passage et d’Actes 16, présentant le baptême de Lydie et de sa famille, Calvin remarque, avec raison, que bien qu’il ne soit «pas expressément montré» que les enfants de ces deux familles aient été baptisés, «toutefois ce n’est pas à dire qu’ils (les apôtres) ne les aient baptisés vu que jamais ils n’en sont exclus quand il est fait mention que quelque famille a été baptisée».

2. Deux autres arguments revenaient régulièrement dans la polémique du XVIe siècle :

On ne peut baptiser les petits enfants, affirmait-on, car le Nouveau Testament ne contient aucun passage rapportant un tel baptême administré par le Christ ou par les apôtres. Avec esprit, le Réformateur rétorque:

Par un tel argument nous pourrions prétendre que les femmes ne doivent pas être admises à la cène de notre Seigneur, puisqu’il n’est jamais parlé en l’Ecriture qu’elles y aient communié du temps des apôtres.

Il propose ensuite une méthode pour pallier les conséquences dommageables des silences du Nouveau Testament, en l’occurrence la communion des femmes et le baptême des nouveau-nés:

... Nous suivons, comme il appartient, la règle de la foi, regardant seulement si l’institution de la Cène leur convient, et si selon l’intention de notre Seigneur, elle doit leur être baillée, comme aussi nous faisons en ce baptême. Car en considérant pour qui il a été ordonné, nous trouvons qu’il n’appartient pas moins aux enfants qu’aux grands d’âge.

L’autre argument affirmait que Matthieu 19:13-14, cité par les pédobaptistes, ne concernait pas des nourrissons, mais des enfants capables de marcher et de répondre à l’appel du Maître qui ordonnait: «Laissez venir à moi les petits enfants...» Les anabaptistes excluaient donc de cette scène biblique les nouveau-nés. Calvin s’oppose à ces subtilités en rappelant le texte parallèle de Luc 18:15 qui parle des nourrissons (ta bréphè) qu’il faut porter pour les présenter à Jésus (prosphéron). Par ces remarques aux objections des anabaptistes, Calvin entend seulement montrer que l’Ecriture ne renferme aucun texte interdisant le baptême des enfants ni limitant ce sacrement chrétien aux adultes. Pour le Réformateur, la catéchèse précède obligatoirement le baptême d’un adulte. On lit dans la Brève Instruction:

Quand... il y a un homme étranger de l’Eglise chrétienne, comme serait un Turc, ou un Juif, ou quelque Payen que ce soit, pour le faire Chrétien, il n’est pas question de commencer par le Baptême: mais devant que le baptiser, il doit être instruit. Et tel a été l’usage de l’Eglise ancienne. Car ceux qui se convertissent à la Chrétienté avaient pour quelque espace de temps leur prédication à part, qu’on appelait Catéchisme. Puis après avoir eu témoignage de leur foi et repentance, on les baptisait. La raison le veut ainsi.

II. La lecture réformée de l’Ecriture concernant le baptême des nourrissons

Calvin, comme ses prédécesseurs, a été fortement marqué par la lecture paulinienne des Saintes Ecritures, directement ou par l’intermédiaire de saint Augustin. Il ne pouvait négliger le lien très fort qui noue, chez saint Paul, la circoncision et le baptême, signes de l’Alliance de grâce.

1. Il convient donc d’examiner les textes où saint Paul établit ce lien et les commentaires qu’en donne Calvin

i) Colossiens 2:11-12

Saint Paul écrit aux chrétiens de Colosses: «vous avez été circoncis... de la circoncision en Christ» et en précise aussitôt le comment: «ayant été ensevelis avec lui par le baptême».

Qu’est-ce que veut dire ce passage sinon que l’accomplissement du baptême est l’accomplissement de la circoncision, d’autant que les deux figurent une même chose? Car il veut montrer que le baptême est aux Chrétiens ce qu’avait été auparavant la circoncision aux Juifs.

ii) 1 Corinthiens 10:1-4

Dans la théologie paulinienne, ces deux sacrements sont quasi interchangeables. L’apôtre parle du baptême de ses pères du désert administré en présence du Christ. 1 Corinthiens 10:1-4: «nos pères... ont été baptisés (ébaptisanto) en Moïse dans la nuée et dans la mer... et buvaient à un rocher spirituel qui les suivait et ce rocher était le Christ.»

iii) Romains 4:11-12

Une autre manière d’exprimer que le baptême est la circoncision des incirconcis se lit en Romains 4:11-12 dans l’affirmation qu’Abraham est «père de tous ceux qui ont la foi bien qu’étant incirconcis... et aussi le père des circoncis». Le signe que reçut Abraham à 99 ans a été donné et ordonné dans un but bien précis: qu’il soit le père des circoncis et des baptisés. Voici le commentaire de l’Institution:

... les Gentils sont enfants d’Abraham comme les Juifs... il (saint Paul) les fait pareils et d’égale dignité... Abraham a été le père des fidèles circoncis; quand la muraille a été rompue... pour donner entrée au royaume de Dieu à ceux qui en étaient forclos (Ephésiens 2:14), il a été fait aussi bien leur père, bien qu’ils ne fussent circoncis, car le baptême leur est pour circoncision.

iv) Ephésiens 2: 11-12

Le commentaire que Calvin donne d’Ephésiens 2:11-12 met en évidence le lien des deux signes de la même alliance:

Saint Paul... met la circoncision donnée aux enfants petits d’âge, pour témoigner de la communion spirituelle avec Christ... Et de fait, que pourrait-on autrement répondre à la promesse que fait le Seigneur à ses fidèles par sa Loi, annonçant qu’il fera miséricorde à leurs enfants, pour l’amour d’eux, en mille générations?... Que ce nous soit donc un point résolu, que le Seigneur reçoit en son peuple les enfants de ceux auxquels il s’est montré Sauveur et qu’en faveur des premiers il accepte les successeurs.

Le commentaire du verset 19 de ce chapitre décrit les conséquences de l’unité des deux sacrements:

... Combourgeois des saints, puis domestiques de Dieu... Voilà un grand honneur, que ceux qui étaient profanes auparavant, et indignes de toute communication avec les fidèles, aient maintenant un même droit de bourgeoisie avec Abraham, avec tous les Saints Patriarches, Prophètes, et Rois, voire avec les Anges même! Toutefois, l’autre honneur n’est pas moindre, à savoir que Dieu les a reçus dans sa famille car, l’Eglise est la maison de Dieu. (1 Timothée 3:15)

v) Romains 9:8

Saint Paul use encore d’une autre forme pour établir le lien circoncision-baptême. Il distingue en Romains 9:8 les enfants de la chair des enfants de la promesse, en nommant ces derniers «postérité» (sperma) d’Abraham. Texte qui inspire au Réformateur ce commentaire:

C’est pourquoi, bien que seule l’élection du Seigneur domine en cet endroit pour distinguer les héritiers du royaume céleste d’avec ceux qui n’y ont nulle part, ce bon Dieu a voulu mettre spécialement sa miséricorde sur la lignée d’Abraham et l’attester et sceller par la circoncision. Or il y a maintenant une même raison pour les chrétiens.

2. Ce lien si fort que saint Paul tisse entre la circoncision et le baptême contraint à considérer l’origine et le fondement de ces deux sacrements

i) Genèse 18:7-14

On les trouve en Genèse 18:7 à 14. Ce texte contient six expressions d’éternité. En suivant la version Synodale, digne héritière de la version de Genève, on découvre: d’âge en âge (versets 7 et 10); alliance perpétuelle (verset 7); à perpétuité (verset 8 ); de génération en génération (verset 12); alliance éternelle (verset 13). Ce que le Père a si clairement voulu, le Fils ne peut que le vouloir et l’accomplir. Au sujet de ce texte, Calvin remarque qu’«avant l’institution du baptême le peuple de Dieu avait à la place la circoncision» et relève que comme le Seigneur en recevant la lignée d’Adam pour son peuple, ordonne qu’il soit circoncis... Nous savons... que la circoncision a eu une promesse spirituelle envers les Pères, et qu’elle est la même que celle du baptême, en leur signifiant la rémission de leur péchés, et la mortification de leur chair, pour vivre à justice.

Il conclut ainsi cette analyse «... Christ, en tant qu’il est l’accomplissement de ces choses, est le fondement du baptême, il l’est aussi de la circoncision.»

Il faut remarquer que ce texte de la Genèse figure dans la première explication du baptême. La leçon sur le baptême du Catéchisme de 1537 se termine de cette façon:

Comme ainsi soit donc que principalement par le baptême l’alliance du Seigneur soit conférée avec nous, à bon droit nous baptisons nos enfants, étant participants de l’alliance éternelle par laquelle le Seigneur promet qu’il sera Dieu, non pas seulement de nous mais de notre semence. (Genèse 17:1-14)

La similitude des deux signes s’explique par leur fondement unique: le Christ. La circoncision a été administrée à Abraham à l’âge de 99 ans et à l’âge adulte à tous les hommes qui l’accompagnaient. Et le même signe a aussi marqué les nourrissons mâles de huit jours. Un même signe et une même promesse donnés à des âges différents. De pareilles particularités accompagneront l’autre signe de la même alliance.

ii) Romains 4:11

En nous rappelant Romains 4:11, «Abraham reçut la signe de la circoncision, comme sceau de la justice qu’il avait obtenue par la foi...», l’on peut dessiner ainsi le cheminement spirituel du patriarche: la foi et la repentance précédant le signe. Mais le parcours des enfants d’Abraham et de tous les héritiers de la promesse est différent. Il s’ouvre par le signe, est suivi de la catéchèse, ordonnée en Deutéronome 4:6, devant déclencher la repentance et la foi.

iii) Deutéronome 10:16

La circoncision à huit jours est autant le signe de la pénitence que celle administrée à 99 ans. Dans le premier cas, elle est le signe de la pénitence qui fera entendre ses exigences tout au long de la vie du circoncis. C’est la raison pour laquelle Moïse enseigne aux circoncis en Deutéronome 10:16: «Il faut circoncire votre cœur...» et le prophète Jérémie 4:4 après lui... «circoncisez vos cœurs, hommes de Juda, habitants de Jérusalem». La réalité du signe, gravé à huit jours en la chair, concerne toute l’existence. Sur cet aspect du signe, Calvin écrivait:

Puisque notre Seigneur a voulu que la circoncision, bien qu’elle fût sacrement de foi et pénitence, fût communiquée aux enfants, il n’y a nul inconvénient que le baptême leur soit communiqué... Car bien que les enfants ne comprissent point... ils ne laissaient point d’être circoncis en leur chair, pour la mortification intérieure de leur nature corrompue, pour la méditer et s’y étudier quand l’âge le porterait, y étant instruits dès leurs premières années.

Dans cette conception des deux signes de l’Alliance de grâce, la place de l’initiation et de l’instruction par les parents et par l’Eglise est considérable, mais plus déterminante encore celle du Saint-Esprit: «... ils sont baptisés en foi et pénitence pour l’avenir, desquelles, bien qu’on ne voit point d’apparence, toutefois la semence y est plantée par l’opération secrète du Saint Esprit.» C’est l’invisible, si présent et agissant, qui légitime la circoncision à huit jours et le baptême des nourrissons. Qui ne saisit pas la place essentielle du Saint-Esprit dans la doctrine calvinienne des sacrements reste au dehors de cette synthèse et n’y peut pénétrer.

iv) Ezéchiel 16:20 et 23:27

Dans la circoncision, comme dans le baptême, Dieu s’engage. Il se déclare le Dieu des descendants de ceux que le signe a marqués. Cette participation du Seigneur apparaît nettement dans la prophétie d’Ezéchiel, où des héritiers de la promesse sont accusés de célébrer l’infâme culte de Moloch. Ezéchiel 16:20: «Tu as pris tes fils et tes filles que tu avais enfantés pour moi, et tu les as sacrifiés à ces dieux qui en ont fait leur pâture.» Ezéchiel 23:37: «... les enfants qu’elles m’ont enfantés, elles les ont fait passer par le feu pour y être consumés.»

v) Deutéronome 30:6

Dieu, qui se reconnaît le Seigneur des enfants de ceux auxquels il avait promis d’être leur Dieu et celui de leur postérité, réalise lui-même ce que le signe administré à huit jours contient. Deutéronome 30:6: «L’Eternel, ton Dieu, circoncira ton cœur et le cœur de ta postérité pour que tu aimes l’Eternel, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et que tu vives.» Le Seigneur, qui ordonne que le bébé de huit jours soit circoncis, promet de lui circoncire le cœur afin que devenu grand, il aime son Maître d’un amour sans partage. Cette alliance et son signe constituent la cheville de la loi d’Israël, au sujet de laquelle le Christ a pris nettement position en Matthieu 5:17: «Je ne suis pas venu pour abolir, mais pour accomplir.» La circoncision n’est pas abolie, elle trouve son accomplissement et son épanouissement dans le signe non sanglant du baptême. Le sang de ce nouveau signe de l’Alliance de grâce étant celui du Médiateur et non plus celui du circoncis ni du sacrifice qui accompagnait l’ancien sacrement.

3. A la suite de Zwingli, la vertu de l’Alliance de grâce

A la suite de Zwingli, Calvin a beaucoup insisté, d’une part, sur la vertu de l’Alliance de grâce dont les effets perdureront jusqu’à la Parousie et, d’autre part, sur le fait que Jésus-Christ «est descendu en terre, non pour amoindrir la grâce de Dieu son Père, mais pour épandre l’alliance de salut par tout le monde».

i) 1 Corinthiens 7:14

Nos enfants sont héritiers de la vie promise dès leur conception. Dieu les sanctifie dès le ventre de leur mère. 1 Corinthiens 7:14 le prouve clairement: «Car le mari non croyant est sanctifié par sa femme, et la femme non croyante est sanctifiée par le mari croyant, autrement vos enfants seraient impurs, tandis qu’ils sont saints.» Cette sainteté signifie que ces enfants font partie du Corps du Christ, dans lequel l’Esprit saint donne la sainteté. Calvin a réuni Genèse 17 et 1 Corinthiens 7 de cette façon:

... Comme les enfants des Juifs ont été appelés lignée sainte, à cause qu’ils étaient héritiers de cette alliance, et étaient ségrégés des enfants des infidèles et idolâtres: aussi les enfants des chrétiens sont dits par même raison saints, encore qu’ils ne soient engendrés que de père fidèle ou de mère, et ils sont discernés des autres par le témoignage de l’Ecriture (1 Corinthiens 7:14).

Or le Seigneur, après avoir promis à Abraham cette alliance, veut qu’elle soit attestée et scellée aux petits enfants par le sacrement extérieur (Genèse 17:12).

ii) Mystère intérieur des deux signes

Comparant les deux signes successifs de l’alliance, Calvin constate «qu’il n’y a pas de différence quant au mystère intérieur» et exprime ainsi l’identité:

... Comme la circoncision a été une marque aux Juifs, en reconnaissant que Dieu les recevait pour son peuple, et qu’ils l’avaient pour leur Dieu, et ainsi leur était comme la première entrée extérieure en l’Eglise de Dieu: ainsi par le baptême nous sommes premièrement reçus en l’Eglise de notre Seigneur, pour être reconnus son peuple, et faisons protestation de le vouloir avouer pour notre Dieu.

La circoncision et donc aussi le baptême ne constituent que «la première entrée extérieure», le mystère intérieur étant réalisé dès la conception de l’enfant d’un fidèle ou de deux. Le Catéchisme de 1545, tirant une conclusion de cette distinction note: «... puisque les petits enfants sont au bénéfice de la grâce, qui constitue la réalité profonde du Baptême, il serait manifestement injuste de leur en refuser le signe extérieur qui n’est, au fond, qu’un élément secondaire.» Avant lui, la confession de foi de 1537 avait été aussi claire: «Or puisque nos enfants appartiennent à une telle alliance de notre Seigneur, nous sommes certains que à bon droit le signe extérieur leur est communiqué.»

4. Unité des deux Testaments et des trois formes de l’Eglise

Cette compréhension des deux signes de l’Alliance de grâce découle d’une conception de l’unité des deux Testaments et des trois formes28 de l’Eglise en Christ, l’unique Médiateur.

Pour les anabaptistes, Dieu n’avait proposé aux Juifs, hommes mondains, que délices charnels, richesses terrestres, honneur et grande lignée. Une telle conception interdit le lien entre Israël et l’Eglise du Christ, entre la circoncision et le baptême. Au livre II de l’Institution, tenant compte de la critique anabaptiste, Calvin pose la question qu’elle suscite: «Qui osera donc priver de Christ les Juifs, auxquels nous entendons que l’alliance de l’Evangile a été faite, de laquelle le fondement unique est Christ ?...» L’Ecriture lui semble rejeter catégoriquement la conception qu’il combat:

Afin de ne faire long débat d’une chose trop claire, nous avons pour cela une sentence notable du Seigneur Jésus: Abraham, dit-il, a été ému d’un grand désir de voir mon jour, il l’a vu, et s’en est réjoui (Jean 8:56). Ce qui est là, dit d’Abraham, l’apôtre le montre avoir été universel en tout le peuple fidèle, quand il dit que Christ a été hier et aujourd’hui, et sera éternellement (Hébreux 8:8 ). Car il ne parle pas seulement de la divinité éternelle du Christ, mais de la connaissance de sa vertu, laquelle a été toujours manifestée aux fidèles. C’est pourquoi la Vierge Marie et Zacharie, en leurs cantiques, appellent le salut qui est révélé en Christ un accomplissement des promesses, que Dieu avait faites à Abraham et aux Patriarches (Luc 1:54-55, 72-73). Si Dieu en manifestant son Christ s’est acquitté de son serment ancien, on ne peut dire que la fin de l’Ancien Testament n’ait été en Christ, et en la vie éternelle.

5. Conception du péché originel

Elle tient une place non négligeable dans la question du baptême des nourrissons. Les luthériens comme les réformés ont dû répondre aux critiques des anabaptistes. C’est la Formule de Concorde, de la tradition sœur, qui a le mieux résumé la position rejetée des anabaptistes:

Que, devant Dieu, les enfants non baptisés ne sont pas pécheurs, mais justes et innocents, et que, dans leur état d’innocence, ils sont sauvés par le baptême dont ils n’ont nul besoin. Par conséquent, les Anabaptistes contestent et rejettent toute la doctrine du péché originel et tout ce qui en dépend.

Calvin combat de la même façon ce pélagianisme:

... S’il est question de les laisser enfants d’Adam, on les laisse dans la mort, vu qu’il est dit qu’en Adam... nous sommes tous mortset n’avons espérance de la vie que par Christ (1 Corinthiens 15:22). Il nous faut donc avoir part en lui, pour être faits héritiers de la vie... de nature nous sommes tous sous la colère de Dieu, c..çus dans le péché (Ephésiens 2:3; Psaume 41:7) lequel porte toujours la damnation avec soi... En somme, il faut que la parole de Jésus-Christ demeure véritable, où il affirme qu’il est la vie (Jean 11:25; 14:6): il nous faut donc être en lui, pour échapper à la servitude de la mort.

6. Le baptême des nourrissons est administré dans la perspective du catéchisme et de la profession de foi

C’est ce qu’entend le Catéchisme de Genève de 1545, quand il répond à la question: «A quelle condition les enfants peuvent-ils donc être baptisés?» «Pour qu’il soit bien attesté que les enfants des fidèles sont héritiers de la bénédiction que Dieu leur a promise de génération en génération, jusqu’au jour où, devenus adultes, ils découvriront le sens profond de leur Baptême et en porteront les fruits.» Les Articles de 1537 exprimaient cette obligation en utilisant le verbe «devoir»: «... l’instruction des enfants, lesquels sans doute (= certainement) doivent à l’Eglise une confession de leur foi...» Pour leur permettre d’honorer cette dette, Calvin propose de remettre en vigueur l’usage de l’ancienne Eglise où «les enfants étaient enseignés de ce Catéchisme pour venir testifier à l’Eglise leur foi dont ils n’avaient pu rendre témoignage à leur baptême».

7. Importance des parents

Ce baptême confère une grande importance aux parents, responsables de la transmission de la foi à leur descendance. Ils sont les intermédiaires irremplaçables, les premiers et principaux catéchètes des jeunes vies que Dieu leur a confiées. La prière de la Forme d’administrer le Baptême résume bien la théologie de ce pédobaptisme:

Seigneur Dieu... puisqu’il t’a plu... nous promettre que tu seras Dieu de nous et de nos enfants... qu’il te plaise de confirmer cette grâce en l’enfant présent, engendré de père et de mère, lesquels tu as appelés en ton Eglise: et comme il t’est offert et consacré de par nous, que tu le veuilles recevoir en ta sainte protection, te déclarant être son Dieu et Sauveur, en lui remettant le péché originel, duquel est coupable toute la lignée d’Adam; puis après le sanctifiant par ton Esprit, afin que quand il viendra en âge de connaissance, il te reconnaisse et adore, comme son seul Dieu, te glorifiant en toute sa vie, pour obtenir de toi rémission de ses péchés. Et afin qu’il puisse obtenir de telles grâces, qu’il te plaise l’incorporer en la communion de notre Seigneur Jésus pour être participant de tous ses biens, comme l’un des membres de son corps...

Ce baptême exige que les parents demandant de baptiser leur enfant soient chrétiens, ou, au moins, l’un des deux. La promesse de Dieu qui fonde le baptême des nouveau-nés ne s’adresse pas à tous les humains. C’est uniquement à ceux qui ont accepté l’Alliance de grâce que Dieu promet: je serai ton Dieu et celui de ta postérité après toi. Il convient donc, pour maintenir le sens et la valeur de ce baptême, de refuser les baptêmes «sociologiques». A ceux qui n’ont pas accepté l’alliance, il faut refuser de baptiser leur enfant et leur proposer de le présenter à la bénédiction de Dieu lors d’un culte. Ce refus suscite la délicate question: comment savoir si les parents qui demandent un baptême ont accepté ou non l’Alliance de grâce? La tradition réformée vient en aide aux ministres en leur proposant le «jugement de charité». Calvin le présente ainsi:

... parce que le Seigneur voyait être expédient de savoir quels sont ceux que nous devons tenir pour ses enfants... Et d’autant qu’il n’était pas besoin en cela de certitude de foi, il a mis à la place un jugement de charité, selon lequel nous devons reconnaître pour membres de l’Eglise tous ceux qui par confession de foi, par bons exemples de vie et participation aux sacrements confessent un même Dieu et un même Christ avec nous.

Calvin enseigne le baptême d’adultes pour ceux qui n’ont pas eu le privilège de descendre d’héritiers de la promesse et celui des nourrissons pour la descendance des fidèles. Il a défendu cette vision avec certitude, comme découlant de la volonté de Dieu, contenue dans l’Ecriture, sans exprimer la moindre réserve. Il a donc combattu la conception anabaptiste, ne la tenant pas pour fidèle au dépôt des apôtres. Calvin savait que le baptême des nourrissons constitue un privilège que Dieu accorde à ses enfants. Ma femme et moi avons fait baptiser nos quatre enfants alors qu’ils étaient nouveau-nés, sans scrupules ni réserves. Nous ne sommes pas des pédobaptistes honteux. Nous ne méprisons pas les insignes dons de Dieu. Nous gardons, reconnaissants et fiers, la promesse déjà citée de Deutéronome 30:6: «L’Eternel, ton Dieu, circoncira ton cœur et le cœur de ta postérité, pour que tu aimes l’Eternel ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et que tu vives.» La promesse du Père, réalisée par le Fils, notre Seigneur Jésus-Christ, est actualisée par l’Esprit saint.

Je ne puis oublier ces phrases d’un fidèle prédécesseur, le pasteur T. Fallot. Elles m’ont marqué:

J’attache la plus grande importance au baptême des petits enfants. Le baptême est le sacrement de la famille selon Dieu. Il marque l’alliance conclue entre Christ et les parents. Il fait de Christ le collaborateur des parents dans l’éducation des enfants. Il est aussi le sacrement de l’éducation chrétienne. Il est le sacrement de la solidarité. Il place les générations nouvelles au bénéfice des expériences accumulées par les générations précédentes, il fait profiter l’enfant de la foi de ses parents.

Léopold Schümmer
Professeur honoraire à la Faculté universitaire de théologie protestante de Bruxelles et maître de conférences à l’Université de Liège.

http://www.unpoissondansle.net/rr/index.html
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MessagePosté le: Sam Juil 03, 2004 4:13    Sujet du message: Voici un article que j'ai écrit sur la doctrine baptiste Répondre en citant

...

Dernière édition par ? le Jeu Juil 15, 2004 2:12; édité 1 fois
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Athanasius

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MessagePosté le: Sam Juil 03, 2004 4:55    Sujet du message: Pédobaptisme et unité de la Foi Répondre en citant

J'ai toujours pensé et dit qu'il ne fallait ni contraindre ni proscrire le pédobaptisme: que l'unité de la Foi Chrétienne nous l'interdisait(Eph4/4-6, Gal5/19-21, Eph2/4, Php3/14-15). La tradition de l'Église ancienne aussi interdit de contraindre le pédobaptisme, puisqu'on différait souvent le baptême jusqu'à l'âge adulte(cf.St Basile)! Ce qui est, toutefois, à proscrire absolument, c'est le REBAPTÊME, Twisted Evil Evil or Very Mad car cette pratique nie l'efficacité salvifique de l'Évangile, condensé dans l'invocation Trinitaire Idea ( Is55/10-11, Jn3/1-21,Rom8/7, Rom10/13-17,Mt28/19, Eph5/22-27)), présenté et conféré lors de l'acte baptismal. Je me suis expliqué ailleurs sur cette question dans ce forum:" Baptême par immersion "et"Sacrements, lieux de salut". Quant à la question de la fausse-présomption salvifique ,supposément induite par le pédobaptisme, je répondrai que ce n'est pas l'impression d'avoir été regénéré ,qui compte pour le salut, mais bien la Foi(SOLA FIDE) Idea en Jésus-Christ, Dieu et Sauveur(Jn1/1-18,Icor12/3, IJn4/1-4,Jn3/16), la regénération suit de toute façon Exclamation Alain Rioux Cool
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MessagePosté le: Sam Juil 03, 2004 9:21    Sujet du message: Répondre en citant

Voici la fiche théologique des EREI sur la question.

LE BAPTÊME

sacrement[1] de l’Alliance


Dans le souci d’une lecture globale des Ecritures, cette fiche présente tout d’abord les textes bibliques du Nouveau Testament sur le baptême pour ensuite s’élargir aux passages de l’Ancien Testament au sujet de l’alliance de grâce.


Le baptême signifie l’entrée dans cette alliance, l’appartenance au peuple de la promesse. Il s’applique aux adultes convertis et à leurs enfants.

Il ne peut ni se réduire à la réponse des individus à l’Evangile,

ni constituer le sceau indélébile de l’élection au salut.



I. LES PRINCIPAUX TEXTES DU NOUVEAU TESTAMENT
Jésus lui-même a institué la pratique du baptême pour l’Eglise juste avant son ascension, au moment d’envoyer ses apôtres en mission dans le monde (Matt 28.18-20). La signification du baptême chrétien est précisée dans les épîtres ; la voici brièvement rappelée.


1. Unis à Jésus-Christ (Matt 3.13-17 ; Rom 6.3-11 ; Col 2.11-15)

Le baptême chrétien renvoie à l’œuvre du salut accompli par Jésus-Christ, mort et ressuscité pour nous. Il symbolise le lien spirituel par lequel nous sommes unis à lui, comme une même plante, et mis au bénéfice des bienfaits de son œuvre : la mort au péché et la marche en nouveauté de vie, marche qui est présentée comme la finalité et non le préalable du baptême (Rom 6.11). Par son baptême, Jésus s’est uni à nous pour nous accorder sa justice ; lors de notre baptême, c’est comme si le Père nous disait : tu es mon fils bien-aimé.



2. Passage et Salut (1 Pi 3.19-22 ; 1 Cor 10.1-5)

Comme l’arche au temps de Noé, le baptême est signe du salut qui nous engage sur la voie d'une relation restaurée avec Dieu. Le baptême est également passage de l’esclavage à la liberté, symbolisé par la traversée de la mer Rouge pour Israël.



3. Baptême d’eau et baptême d’Esprit (Matt 3.11 ; Marc 1.8 ; Luc 3.16)

L’essentiel n’est pas le baptême d’eau, mais celui de l’Esprit dont il témoigne. L’un et l’autre peuvent être simultanés, dans le cas de certains adultes, mais aussi différés, en particulier pour les enfants. C’est Jésus-Christ qui envoie l’Esprit, comme l’a indiqué Jean-Baptiste (Marc 1.Cool. Avec le Père, il vient faire sa demeure chez les croyants (Jean 14.17 ; Rom 8.9-11).



4. Croissance (Eph 4.5 ; 5.26-27)

Le baptême n'est pas seulement un acte accompli sur un individu à un moment donné, c'est aussi une réalité théologique donnée à l'Eglise tout entière. C'est la raison pour laquelle le baptême constitue un des fondements de l’unité spirituelle indispensable dans le processus de croissance du Corps de Christ et qu’il est aussi signe d’appartenance à l’Eglise.



II. l’alliance de grÂce, CADRE dU BAPTÊME
Cette fiche s'applique à présenter la spécificité de la conception réformée confessante sur la délicate question du baptême, en espérant faire preuve de suffisamment de clarté et de souplesse pour rassembler sans déformer. Une lecture globale des Ecritures amène à ne pas négliger le contexte de l’Ancien Testament pour avoir une juste compréhension du baptême. Une notion fondamentale traverse l’ensemble de la Bible et constitue le cadre dans lequel le baptême prend place : l’alliance de grâce.



1. Une promesse spécifique et personnelle

Entre l’appel à la foi adressé à tout homme pour son salut et l’élection[2] au salut, vient s’intercaler l’alliance de grâce que Dieu a pris l’initiative de passer avec un peuple particulier : Israël dans l’Ancien Testament et l’Eglise dans le Nouveau. De génération en génération, il adresse aux individus qui le composent une promesse spécifique et personnelle qui les distingue du reste des hommes. C’est de cette promesse que le baptême est le signe. L’alliance de grâce constitue donc le cadre normal permettant à la fois de jouir des bienfaits du salut (reçu ou promis) et d’en témoigner au monde (cf. 1 Pi 2.9).

Si tous s’accordent pour affirmer que le baptême renvoie à la grâce de Dieu manifestée en Jésus-Christ et qu’il est le signe du lien qui existe entre le baptisé et cette grâce (cf. Rom 6.3-9), la théologie réformée précise que le baptême est avant tout signe de la grâce promise et non de la grâce reçue. Elle se distingue en cela de la théologie catholique, pour qui la grâce salvatrice est reçue simultanément au baptême d’eau. Mais aussi de la théologie évangélique pour qui la conversion doit nécessairement précéder le baptême.

Cette compréhension du baptême comme signe de la grâce promise s’applique aux personnes de tout âge. Pour les enfants, en leur offrant un cadre favorable à l’émergence de la foi. Mais aussi pour les adultes, en présentant leur sanctification comme la réalisation des promesses et la mise en application des engagements du baptême.

La grâce signifiée dans le baptême ne se réfère pas à la promesse universelle et impersonnelle fondatrice de l’évangélisation (Jean 3.16), mais à la promesse particulière et personnelle par laquelle ceux que Dieu appelle sont constitués en peuple de l’alliance (Act 2.39).



2. Alliance de grâce et élection au salut

L’alliance de grâce est donc le cadre normal dans lequel se réalisent l’appel et la promesse de Dieu ici-bas. Elle est le “ tremplin de l’élection ”. Mais on ne saurait confondre alliance et élection. Tout d’abord parce que le cercle des élus est plus restreint que celui des appelés (Matt 22.14) et ensuite parce que l’alliance de grâce, elle, peut être rompue par l’incrédulité. C’est ce que Jésus indique dans la parabole du cep : si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors comme le sarment, et il sèche ; puis l’on ramasse les sarments, on les jette au feu et ils brûlent (Jean 15.6, cf. Hébr 10.29). Il parle ici le langage de l’alliance, qui inclut tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, ont été appelés. C’est un langage responsabilisant. Mais aussi dissymétrique, dans ce sens que la rupture de l’alliance n’échoit qu’à la faute de l’homme tandis que le respect de l’alliance ne peut exister sans le secours divin : celui qui demeure en moi, comme moi en lui, porte beaucoup de fruit, car sans moi, vous ne pouvez rien faire (Jean 15.5).

Cette dissymétrie tient au fait que l’élection au salut ne peut être rendue caduque par la volonté humaine, comme l’affirme Jésus dans une autre parabole : mes brebis écoutent ma voix ; je les connais et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle, elles ne seront jamais perdues et personne ne les arrachera de ma main (Jean 10. 27-2Cool. C’est le langage très encourageant de l’élection. Le salut est l’accomplissement de l’alliance de grâce, de la promesse signifiée dans le baptême. De même que la circoncision de la chair était le sceau de la promesse appelée à se réaliser par la circoncision du cœur, le baptême d’eau est le sceau de la promesse qui se réalise par le baptême de l’Esprit (cf. Marc 1.8 ; Act 2.38.). C’est l’Esprit-saint qui accomplit ce que Paul appelle “ la circoncision du Christ ” dans la vie du croyant (cf. Col 2.11ss).



3. Une alliance qui engage

Ainsi, le peuple de l’alliance – constitué des baptisés – est mis à part du reste des hommes, mais ne peut être assimilé au rassemblement des élus. Il reçoit un appel et des promesses auxquels chacun de ses membres est exhorté à répondre tout au long de sa vie. Entre l’acte du baptême et l’habitation du Saint-Esprit en plénitude, chez l’enfant et chez l’adulte, prend place l’histoire de chacun, avec ses obéissances et ses infidélités. C’est le temps de l’accomplissement des promesses baptismales et de l’obéissance aux commandements divins. Le temps de l’accompagnement pastoral et de la prédication–exhortation, à la suite des prophètes et des apôtres, pour la croissance du Corps de Christ.

Si cette obéissance est une conséquence et non une condition de la promesse signifiée dans le baptême, elle n’est pas du tout facultative. Elle interpelle tous les membres de l’alliance de grâce : - en éduquant et en instruisant les enfants ;

- en exhortant les adultes ;

- en adressant à ceux qui restent en retrait de la vie dans l’alliance une interpellation ou un appel à la conversion.

La réponse humaine à l’alliance peut être rompue, mais pas l’appel de Dieu (2 Tim 2.13). Si l’engagement humain dans l’alliance est faillible, celui de Dieu est indéfectible. C’est cette double réalité qui donne à la vie dans l’alliance toute sa dynamique. Elle est porteuse d’espérance (Jean 10.2Cool mais aussi d’avertissements (Jean 15.6). Elle accorde à ses membres le privilège de goûter les fruits de la rédemption, en primeur pour les enfants de croyants, et elle les invite à faire connaître les bienfaits de la rédemption aux hommes.

C’est toute la dimension du témoignage, de l’appel à briller comme des flambeaux dans le monde (Phil 2.15) attendu des disciples du Christ (cf. Matt 5.13-16). Cette vision du baptême comme signe des promesses divines ne vient pas court-circuiter l’itinéraire des chrétiens. Au contraire, elle lui donne un juste équilibre : la réalité du baptême est toujours à vivre en réponse active à la grâce (Eph 2.10). L’initiative divine n’annule pas l’engagement humain, elle le rend possible et durable (Jean 15.16).



III. LES QUESTIONS PRATIQUES[3]



1. Le baptême des enfants : concession ou marque de fidélité ?

En réalité, les Eglises réformées ne sont pas restées pédobaptistes parce qu’elles n’auraient pas appliqué jusqu’au bout les principes liés à la redécouverte de la justification par la foi seule. C’est sur une base biblique étayée qu’elles appuient leur pratique. Elles se distancent clairement de la conception catholicisante du baptême comme moyen efficace – ou automatique – de salut. Il n’est d’ailleurs pas inintéressant de noter que certaines Eglises évangéliques baptisent également les petits enfants. Les alternatives qui sont parfois proposées sont à examiner avec attention.[4]



2. Acceptation ou refus : quels critères ?

Les Eglises de tradition réformée posent-elles des critères suffisamment clairs pour l’acceptation au baptême ? Il faut tout d’abord reconnaître que refuser une demande, en estimant qu’elle est infondée, est délicat. Dire non sans fermer la porte, tenir compte d’un certain cheminement spirituel sans pour autant acquiescer à une telle requête exige du discernement et de l’amour (cf. Marc 10.21 et la fiche n° 13 : “ La vérité dans l’amour ”). Il faut donc veiller à présenter des critères clairs à toute personne demandant le baptême pour elle ou pour ses enfants ; il y en a principalement trois[5] :

- l’adhésion à la confession de foi de l’Eglise ;

- une vie qui n’entre pas en contradiction avec les principes évangéliques ;

- et une participation à la vie de l’Eglise qui ne soit pas que sociologique.

Les exemples bibliques de baptêmes respectent à la fois la clarté des critères et la variété des cheminements personnels (Act 2.41 ; 8.12s, 36s ; 10.47s ; 16.15,32s ; 19.5s).

Dans la conception réformée fidèle à la théologie de l’alliance, les destinataires du baptême sont, selon l’expression consacrée, “ les fidèles et les enfants des fidèles ” S’il est regrettable que le baptême soit parfois administré à des enfants dont aucun des parents ne répond aux critères, c’est-à-dire sans exercer la discipline dans l’Eglise, cela ne justifie en rien “ l’abstinence baptismale ” de certains fidèles envers leur progéniture. La non-fidélité de certains ne saurait excuser la non-pratique d’un commandement du Christ par les chrétiens engagés.



3. En Eglise

D’une manière générale, le baptême, qui constitue l’entrée dans le peuple de l’alliance, a un caractère public et ecclésial. Nos églises insistent sur cette double dimension pour éviter les dérives de “ baptêmes ” administrés sans lien avec une communauté. Car bien que le baptême relève d’une démarche personnelle, il a une dimension communautaire évidente ; il en est de même pour toute la vie chrétienne (cf. fiche n° 10, Notre vie chrétienne). Il ne faut pas confondre foi personnelle et individualisme : nous sommes membres d’un même corps, et il n’est pas sage de s’en tenir à l’écart (cf. 1 Cor 12.12-31. Eph 4.11-16. Hébr 10.35s).



4. Immersion ou aspersion ?

Bien qu’encourageant le baptême par aspersion, notre Discipline n’en fait pas une règle stricte car la question du mode est secondaire. Il faut néanmoins remarquer que le terme “ baptême ” ne signifie pas invariablement immersion. L’allusion aux Israélites baptisés en Moïse dans la nuée et dans la mer (1 Cor 10.2) serait autrement difficile à saisir. Le mode de l’aspersion renvoie à l’aspersion du sang des sacrifices (cf. Ex 24.8. Hébr 9.19s) et d’une eau pure (Ezék 36.25) sous l’ancienne disposition de l’alliance et à l’Esprit répandu sur les croyants, au baptême du Saint-Esprit. Le mode de l’immersion souligne davantage l’idée d’être ensevelis avec Christ en sa mort. Il est bon de donner du sens aux gestes accomplis, tant qu’on ne leur accorde pas une valeur essentielle.



5. La vraie question

Pour conclure, l’essentiel n’est évidemment pas dans les formes mais dans le sens profond du baptême, à enseigner, à confesser, à vivre ; la citation en encadré nous y renvoie.

***

“ Nous n’obtenons pas autre chose du baptême que ce que nous en recevons par la foi. Si la foi est absente, il sera de notre part un témoignage d’ingratitude qui nous accusera devant Dieu de ne pas avoir cru en la promesse contenue dans le sacrement. Mais comme le baptême est le signe et l’emblème de notre foi, nous devons attester par lui que notre confiance est dans la miséricorde de Dieu, notre pureté dans la rémission des péchés que nous avons en Jésus-Christ, et marquer que nous entrons dans l’Eglise de Dieu afin qu’en union et consentement de foi et d’amour, nous vivions d’un même cœur avec tous les fidèles. ” Jean Calvin, Institution Chrétienne, Livre IV, chapitre 15, § 15


[1] Deux sacrements ou signes
Dans nos Eglises, on ne retient comme sacrements ou signes que le baptême et la cène car eux seuls ont en commun les trois éléments suivants :

1. ils renvoient à l’œuvre du salut accompli par Jésus-Christ ;

2. ils ont été institués par un ordre du Christ et concernent l’ensemble de l'Eglise ;

3. ils sont des signes visibles (utilisant des supports matériels) d'une grâce invisible.

Ces sacrements – qui ont chacun leurs accents spécifiques – étaient préfigurés dans l’Ancien Testament par la circoncision, marque d’appartenance reprise dans le baptême, et le repas de la Pâque, à partir duquel Jésus instituera la sainte cène. Comme la circoncision, le baptême est le signe de l’intégration à l’alliance de grâce. C’est pour cela qu’il est unique et ne saurait être répété sans être dénaturé.



A cause de la conception catholique des sacrements sensiblement différente de la nôtre, on hésite parfois à utiliser le terme “ sacrement ”. Il vient en fait du latin sacramentum, utilisé dans la Bible de St Jérôme pour traduire le mot grec qui a donné mystère dans Ephésiens 5.32. Il rappelle donc le caractère sacré et insondable de l'action de l'Esprit. On peut également utiliser le terme de signe, peut-être moins ambigu, mais plus restreint.

[2] Le salut réalisé manifeste l’élection divine, et Dieu seul en a connaissance (cf. 2 Tim 2.19 et fiche n° 5 “ Qui est sauvé ? ”).

[3] Voir aussi Baptisez-les, Cahier de Lumière des Hommes et, dans la Discipline de l’Union Nationale des Eglises Réformées Evangéliques, les articles relatifs au baptême (Titre A, Section I, Chapitre V, Articles 12 à 22).

[4] En ce qui concerne la présentation d’enfants, nos Eglises ne refusent pas d’accompagner les personnes qui tiennent à ce mode de cérémonie, soit par conviction évangélique, soit pour prendre en compte un cheminement personnel qui ne permet pas encore d’envisager le baptême. Dans tous les cas, la présentation est liée à l’acte d’intercession dans le culte.

En règle générale, il y a chez nous reconnaissance du baptême pratiqué dans les autres Eglises et refus du re-baptême. Chaque préparation nécessite un réel souci pastoral pour que cheminements personnels et principes théologiques s’harmonisent au mieux.

[5] Voir aussi les conditions pour être membre de nos Eglises, la première stipulant : “ en réponse à l’appel de Dieu, croire en Jésus-christ, divin Chef de l’Eglise, mort et ressuscité pour nous ; vouloir, avec l’aide du Saint-Esprit, grandir et se fortifier dans la crainte du Seigneur et vouloir vivre selon les préceptes de l’Evangile. ”
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Calvinius

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MessagePosté le: Sam Juil 03, 2004 9:36    Sujet du message: Répondre en citant

Et vioci quelques citations du regrété Pierre Marcel, fondateur de la Revue Réformée, dont il faut avoir lu absolument son "Le Baptême, sacrement de l'Alliance de Grâce", La Revue Réformée N° 2-3 (1950), réédité récemment par les soins de l'APEB/Editions Kerygma (dont je suis membre Smile), sous le titre "L'Alliance de Grâce" (on peut le commander par le site www.xl6.com

"Il ne faudrait pas croire que l'acceptation ou le rejet du baptême des enfants soient indépendants de l'ensemble de la théologie et de ses prémices. La doctrine des sacrements, dont fait partie le baptême des enfants, est le point d'aboutissement de toute la théologie. Un réformé ne peut pas plus être théologiquement contre le baptême des enfants et concerver les principes de la théologie réformée [théologie de l'Alliance] qu'un barthien ou un baptiste ne peuvent accepter le baptême des enfants en restant fidèles aux prémices de leurs propres théologies." (p. 195)

"La doctrine des sacrements a toujours été le schibboleth, la pierre de touche, de tout système dogmatique. C'est là que les principes dont on est parti dans l'Eglise et la théologie, dans les question de foi et de vie, trouvent leur aboutissement pratique et concret. Les doctrines des rapports de la nature divine et de la nature humaine du Christ, des modes d'action du Saint Esprit, du péché et de la grâce, de l'esprit et de la matière, sont toutes plus ou moins présentes et imbriquées dans la doctrine des sacrements. Les diverses routes de la théologie aboutissent, qu'on le veuille ou non, peu ou prou, consciemment ou inconsciemment, au carrefour des sacrements." (p. 198)

C'est dire l'importance de notre sujet !!!

Et voilà pourquoi aussi je conteste haut et clair - mais respectueusement envers l'ami Daniel pour lequel j'ai beaucoup de sympathie - l'affirmation selon laquelle :

Citation:
la thèse baptiste nous apparaît la plus conforme aux données scripturaires et à la théologie réformée dans son ensemble.


La théologie réformée - ou calvinisme - est pédo-baptiste ou elle n'est pas... - j'entends par là qu'elle ne l'est pas de façon pleinement conséquente, il y a des degrés dans l'adhésion à la théologie réformée, évidemment. Entre un réformé confessant et un réformé baptiste confessant il n'y a pas un abîme mais bien plutôt un fossé qu'il peut être assez aisé de franchir car on est d'accord sur l'essentiel quand même. On peut pas en dire autant pour les dispensationalistes arminiens ou charismatriques...

Le baptême est signe et sceau de l'Alliance de Grâce, signe de la promesse, et non de la réponse de l'homme à cette promesse - ce qui a des relants arminiens...

La structure communautaire et collective, familiale de l'Alliance et l'affirmation de la priorité de Dieu dans l'Alliance, de la promesse et de l'initiative de Dieu sur la réponse de l'homme nous semble imposer la pratique de baptême des enfants des fidèles, comme pour la circoncision dont le baptême a pris la place comme sacrement de la nouvelle disposition de l'Alliance de Grâce.

Pour Alain Rioux je précise que la théologie baptiste est nécessairement - sauf peut-être rares exceptions - anapabtiste et impose donc le rebaptême, dans la mesure ou elle ne reconnaît pas la valeur du baptême des enfants. A mes yeux soit le pédo-baptisme est bibliquement fondé et il faut le défendre et le maintenir contre vents et marées, ou bien il ne l'est pas et il faut se ranger aux positions baptistes tout de suite.
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Dernière édition par Calvinius le Sam Juil 03, 2004 21:43; édité 1 fois
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Athanasius

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MessagePosté le: Sam Juil 03, 2004 18:54    Sujet du message: Attachement au pédobaptisme Répondre en citant

Si il existe un sujet sur lequel je ne ferai pas de vagues, c'est bien le baptême, quoiqu'il y soit beaucoup question d'eau et, aussi, de quantité! Wink Ce n'est pas pour moi un "articulus candentis vel stantis ecclesiae"!Car, je crois que seul Jésus-Christ sauve, conféré objectivement par l'Évangile(Bible, prédication ou paroles sacramentelles, Eph5/22-27,Rom10/13-17, Jn3/1-21) et reçu subjectivement par la foi seule. C'est dire que je crois à la regénération PRESOMPTIVE du baptême, grâce à l'évangile qu'il apporte,mais PAS à la regénération automatique, "ex opere operato" Evil or Very Mad !Car, rien ne nous empêche de présenter ainsi, bien au contraire, l'exemple du baptême familial des Actes est probant,l'Évangile aux" infantes"! Dieu, d'ailleurs, n'est-il pas riche en miséricorde(Eph2/4), n'a-t-Il pas plusieurs façons de faire grâce??? De plus, depuis quand un nourrisson ne pourrait-il avoir la foi? St Jean Baptiste n'a-t-il pas tressailli dans le sein de sa mère à l'annonce du salut, en la personne de Marie? Est-ce la chair ou l'Esprit Saint seul qui produit la foi? Sommes-nous monergistes ou synergistes(Rom8/7,Jn3/1-2-,Icor12/3, Mt16/13-20)? Donc, va pour le pédobaptisme!

Si, toutefois, quelqu'un pense que l'évangile peut être annoncé autrement à l'"infante" et préfère différer le baptême, pour lui réserver plus sûrement son caractère également déclaratif, en tant que profession de Foi publique, je ne vois rien ni dans la Bible ni dans la tradition ancienne de l'Église ancienne qui l'en empêche... Donc, tâchons, grand ciel, de conserver l'unité de la Foi(Eph4/4-6, Php3/15-16), pas à tout prix, mais est-ce payer un prix trop cher que de ne pas contraindre ni proscrire le pédobaptisme? Qu'en pensez-vous, Vincent, Daniel et mon très, très , très cher Avel que je regrette amèrement d'avoir blessé Crying or Very sad Crying or Very sad Crying or Very sad ? Alain Rioux Cool
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Calvinius

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MessagePosté le: Sam Juil 03, 2004 19:31    Sujet du message: Répondre en citant

Déjà je ne suis pas d'accord avec la notion de régénération présomptive attachée au baptême. Le baptême, en théologie réformée, est signe de la promesse de la régénération, du salut, et non de la régénération en tant que telle. Il ne s'agit pas de baptiser ceux dont on peut "présompter" la régénération, qui sont susceptible de l'être. La circoncision était signe de l'appartenance au peuple de Dieu, au peuple historique de l'Alliance, et non nécessairement de la réalité efective de la régénération - l'Alliance au sens fort de la communion avec Dieu qui implique la foi du récipiandaire.
Avec cette notion de régénération présomptive on rejoint la conception baptiste tout en étant moins conséquent qu'eux car si on part de cette notion il vaut mieux dans ce cas et de loin attendre l'âge de raison, car au moins on peut prendre en compte la réponse de l'homme et donc ne pas douter de sa régénération, ce qu'on peut toujours faire pour un nourrisson évidemment. Les enfants des fidèles sont baptisé pour être distingués des enfants des infidèles, parce qu'ils sont "saints" c'est-à-dire séparés du reste du monde en étant fait membre à part entière du peuple de l'Alliance sans présummer de leur réponse à cette appel de Dieu.

Pour moi la question est très claire : soit le baptême et signe et sceau de l'Alliance càd signe de la PROMESSE et alors il faut enseigner et pratiquer le pédo-baptiste (sans l'imposer non plus évidemment, notre Union d'Eglise ne l'impose pas, mais elle l'enseigne, et le considère comme un article de foi de la Confession de Foi, contraignante donc. Voir Catéchisme de Heidelberg, La Rochelle, etc.), soit il est signe de la réponse de l'homme à cette promesse et auquel cas je deviens baptiste tout de suite et même je me refais baptiser sur le champ Laughing et par immersion tant qu'à y être Laughing

Je cite ici le professeur Michel Johner, prof d'Ethique à la Fac. de Théo. d'Aix - et un ami personnel- dans un article parru dans Nuance en janv 93 sur le sujet : Au sujet de Calvin il dit :

"Sa conviction se résume en une proposition simple : Pour tous les membres de l'Eglise (qu'ils soient adultes ou enfants), le baptême est le signe de la vocation que Dieu leur fait en Christ, de par la promesse qu'il leur adresse, et non de leur réponse ou de leur obéissance personnelle à cette vocation. En ce sens la signification du baptême s'inscrit dans la continuité de la circoncision vétéro-testamentaire."

Et il poursuit en disant TRES JUSTEMENT (lisez ceci mes frères, ne sautez pas cette phrase !!!) : "Ce qui opposerait Calvin aux théologiens baptistes actuels, ce n'est donc pas directement la question des enfants dans l'Eglise, mais c'est celle du baptême lui-même : de quelle réalité est-il le signe ! En fait la divergence concerne autant le baptême des adultes que celui des enfants, car le pédobaptisme de Jean Calvin est l'implication même de sa doctrine baptismale, et non un compromis ou une exception faite à celle-ci."

Bon quand j'aurais le temps je mettrai cet article en entier car c'est le meilleur que j'ai lu sur le sujet, avec "Le Baptême sacrement de l'Alliance de Grâce" de Pierre Marcel aussi.
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Athanasius

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MessagePosté le: Sam Juil 03, 2004 20:15    Sujet du message: Regénération présomptive Répondre en citant

Lorsque je parle de regénération présomptive, je veux dire que DANS le baptême, en vertu des paroles sacramentelles et de la foi qui s'y attache, le salut PEUT Idea être possible, lors du baptême, même pour les nourissons! Je fais miennes les explications du petit catéchisme de Luther à ce sujet! Car, comme je l'ai dit ailleurs, si les sacrements ne sont pas des lieux de grâce, alors leur pertinence et leur existence risquent d'être engouffrées dans le maëlstroom salutiste Surprised , tant il est vrai que seuls les dogmes ,à conséquences directement Idea sotériologiques ,tiennent le coup de l'histoire! A preuve Idea , le dogme de la Trinité-ontologique et économique-professé, de diverses manières mais professé tout de même, par l'ensemble de la Chrétienté, par son adhésion indéfectible, depuis 2000ans, au Symbole de Nicée et au canon scripturaire(T.O.B.) Exclamation Du reste, je crois que mon approche ne vous contraindra sûrement pas à un rebaptême sacrilége! Evil or Very Mad Twisted Evil Alain Rioux Cool

Dernière édition par Athanasius le Ven Aoû 20, 2004 21:23; édité 1 fois
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MessagePosté le: Sam Juil 03, 2004 21:14    Sujet du message: Répondre en citant

Il le peut oui. Certainement. Je ne doute pas, ni Calvin, que l'Esprit-Saint soit particulièrement à l'oeuvre dans le sacrement du Baptême, tout comme dans celui de la Cène - la formule classique dit "C'est Dieu qui baptise", dans ce sens-là, et Calvin parle de la présence spirituelle réelle du Christ et de l'Esprit dans les espèces ou avec, sans tomber dans la subtilité luthérienne de consubstantialité et l'hérésie romaine de transubstantiation... ! Il agit, mais mystérieusement, et librement. Une grâce spéciale est conférée au baptisé, à ce moment-là, au moment même du baptême, mais aussi tout au long de son existence, car Dieu s'est en quelque sorte "lié" à lui par une promesse, comme dans l'alliance avec Abraham et ses descendants. On dit qu'au dessus du bureau - ou du lit je sais plus - de Martin Luther se trouvait cette inscription écrite de sa main : "J'ai été baptisé", et c'est ainsi que le Réformateur se fortifiait sans cesse dans la foi en l'appel de Dieu et en sa promesse et sa fidélité...

Il n'empêche qu'il convient quand même de s'entendre sur : de quoi le baptême est-il signe ? De la régénération (présomptiver ou non...) ? Ou bien de la promesse de la régénération ? Comme signe et sceau de l'Alliance de Grâce rédemptrice je dirai sans hésitation : de la promesse ! Voilà pourquoi je suis pédo-baptiste, ou plutôt réformé dans ma théologie du baptême, qu'il soit pour les adultes ou pour les enfants des fidèles. Sa signification reste inchangée.

PS : Nous avons pratiqué récemment dans notre Eglise à Paris deux Baptêmes d'adultes - mais non pas re-baptêmes ! - N'est-ce pas Avel... Very Happy Aucun problème avec ça. J'ai même participé il y a quelques années à un baptême par immersion dans le gardon (rivière des Cévennes, dans le Midi de la France), administré par un pasteur réformé. Pourquoi pas... Et pour l'anecdote - un peu d'humour ça fait pas de mal Wink -, mon premier fils a été baptisé à l'âge de 2 mois environ et vous ne devinerez jamais quel joli nom de baptême nous lui avons donné... ?...
...
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Vous voyez pas... ?
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Toujours pas ?...
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...
Baptiste Very Happy Exclamation Idea Wink
_________________
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Athanasius

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MessagePosté le: Sam Juil 03, 2004 23:03    Sujet du message: Diversité des théologies, unité de la Foi Répondre en citant

Faut-il absolument adhérer à une seule représentation théologique de la Foi dans l'Église ou bien peut-on s'accorder simplement sur la Foi crue, telle que professée par les confessions de Foi? Sinon, pourquoi conserver les confessions de foi Rolling Eyes et ne pas y substituer l'arbitraire, voire la tyrannie Twisted Evil Evil or Very Mad Mad , pastoral??? Je suis pédobaptiste, peut-être pas selon exactement le même registre théologique que vous, cher Vincent, et je tiens à m'entendre avec le plus de monde possible, toute Foi essentielle préservée. C'est pour cela que je crois à la nécessité des confessions de Foi: unité de la Foi Idea et diversité des représentations! Que les Baptistes cessent d'être en schisme avec les Réformés, que les Réformés soient accueillants, que les Anglicans, les Luthériens et les Réformés CONFESSIONNELS s'entendent, cela est possible, il est plus que temps :UNAM SANCTAM, ça presse Exclamation Exclamation Exclamation


P.S. Sachons que Dieu est fidèle et qu'Il gardera votre fils, cher Vincent, digne de son prénom: un fidèle Baptiste, un fidèle à son baptême, à la Foi de son Baptême: la Très Sainte Trinité ontologique et économique! J'entend déjà ses BRUissements Idea de joie au Nom de son Dieu, comme Jean le baptiste dans le sein d'Élizabeth! Wink Amen! Alain Rioux Cool
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Augustinus

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MessagePosté le: Jeu Aoû 12, 2004 16:31    Sujet du message: Répondre en citant

Voyons Alain,vous dites qu'on ne doit pas contraindre les gens à baptiser leur enfant,mais que pensez vous donc de l'article 7 de la confession d'AugsbourgNe dit il pas que l'on doit?
Idem pour la confession de La rochelle d'ailleurs.......
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Athanasius

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MessagePosté le: Ven Aoû 13, 2004 10:51    Sujet du message: Droit canon... Répondre en citant

timothee.rapak a écrit:
Voyons Alain,vous dites qu'on ne doit pas contraindre les gens à baptiser leur enfant,mais que pensez vous donc de l'article 7 de la confession d'AugsbourgNe dit il pas que l'on doit?
Idem pour la confession de La rochelle d'ailleurs.......


Cher Tim, ni dans la Gallicana ni dans l'Augustana n'ya-t-il condamnation formelle du différement du baptême. Sinon, il faudrait que ces deux augustes confessions condamnent aussi la pratique de l'Église ancienne, ce que ne songe surtout pas à faire l'Augustana(cf. les résumés conclusifs des deux parties)ni,non plus, la Gallicana. Le principal, face aux anabaptistes ,était de leur faire comprendre que c'était la parole de l'Évangile, dans la Bible ou les sacrements, qui engendre la foi qui sauve(C.A.5). Donc, que rien ne devait s'opposer à la présentation de cet évangile ,sous la forme baptismale, aux nourrissons!
Frère Alain
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Augustinus

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MessagePosté le: Sam Aoû 14, 2004 17:03    Sujet du message: Répondre en citant

Là,Alain,vous faites erreur!!!
Il est notoire que la confession d'Augsbourg,article 9 (et non 7 comme je l'ai dit premièrement par erreur Laughing Embarassed ) ne dit pas autre chose sinon "qu'il FAUT BAPTISER LES ENFANTS,ET QUE PAR CE BAPTEME,ILS SONT OFFERTS A DIEU ET LUI DEVIENNENT AGREABLE"!!

Et jamais Luther n'aurais admis qu'on laisse un enfant sans baptême,sous quelque prétexte que ce soit,et rien que la peur d'avoir en face de lui des crypto-anabaptistes l'en aurait dissuadé!!!

Quand à l'Eglise ancienne dont vous parlez,je dois vous dire qu'on ne saurait en tenir compte aujourd'hui,c'est-à-dire,après les crises pélagienne et anabaptiste.
On dit souvent que l'Orthodoxie s'est forgées en réaction à l'hérésie...Si tel est le cas,il me semble que nul parent ne doit plus aujourd'hui laisser ses enfants sans baptême!!!!!!!! Evil or Very Mad Exclamation
Autre fait:selon les documents que nous avons de l'Eglise au temps de Cyprien,les enfants communiaient;
mais aujourd'hui Alain,ce n'est plus le cas,et même vous -qui ne voulez pourtant pas rentrer en conflit avec l'Eglise ancienne- en vous basant sur 1Corinthiens 11,vous avez exclu l'idée de ce que l'on admette les enfants à la Cène,dans "SACREMENTS LIEUX DE SALUT".Alors?

Fraternellement,Timothée Wink
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Augustinus

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MessagePosté le: Sam Aoû 14, 2004 17:08    Sujet du message: Répondre en citant

Pour conclure,je dis qu'il y a un seul baptême,et que les raisons de baptiser les enfants sont les mêmes que pour le bapême des adultes,d'ou il découle,Alain,que le pédobaptisme ne doit pas être plus facultatif que celui des adultes.

Tim Very Happy
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Athanasius

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MessagePosté le: Dim Aoû 15, 2004 9:56    Sujet du message: Accouche qu'on baptise... Répondre en citant

timothee.rapak a écrit:
Là,Alain,vous faites erreur!!!
Il est notoire que la confession d'Augsbourg,article 9 (et non 7 comme je l'ai dit premièrement par erreur Laughing Embarassed ) ne dit pas autre chose sinon "qu'il FAUT BAPTISER LES ENFANTS,ET QUE PAR CE BAPTEME,ILS SONT OFFERTS A DIEU ET LUI DEVIENNENT AGREABLE"!!

Et jamais Luther n'aurais admis qu'on laisse un enfant sans baptême,sous quelque prétexte que ce soit,et rien que la peur d'avoir en face de lui des crypto-anabaptistes l'en aurait dissuadé!!!

Quand à l'Eglise ancienne dont vous parlez,je dois vous dire qu'on ne saurait en tenir compte aujourd'hui,c'est-à-dire,après les crises pélagienne et anabaptiste.
On dit souvent que l'Orthodoxie s'est forgées en réaction à l'hérésie...Si tel est le cas,il me semble que nul parent ne doit plus aujourd'hui laisser ses enfants sans baptême!!!!!!!! Evil or Very Mad Exclamation
Autre fait:selon les documents que nous avons de l'Eglise au temps de Cyprien,les enfants communiaient;
mais aujourd'hui Alain,ce n'est plus le cas,et même vous -qui ne voulez pourtant pas rentrer en conflit avec l'Eglise ancienne- en vous basant sur 1Corinthiens 11,vous avez exclu l'idée de ce que l'on admette les enfants à la Cène,dans "SACREMENTS LIEUX DE SALUT".Alors?

Fraternellement,Timothée Wink




Cher Tim, vos 21 ans semblent ,en voulant me chercher noise, sur des points de détails, plus devoir défouler votre concupiscible, par le déchaînement de votre irascible, que de faire authentique enquête sur la vérité. ... Rolling Eyes Donc, je vous suggère, pour vous calmer, de vous marier à une belle et bonne jeune midinette et être heureux en lui faisant BEAUCOUP d'enfants Razz. Ensuite, il vous sera tout à fait loisible de LES baptiser à votre guise!... Laughing

Non, sans blague, en ce qui a trait au baptême, la remise en cause de la pratique de l'Église ancienne ne dispose pas des mêmes assises scripturaires que celle de la communion. Car, la communion exige le discernement et le souvenir Idea ( en mémoire de moi:donc, l'âge de raison. Icor 11) alors que le pédobaptisme n'est ni proscrit ni prescrit par la Bible.

Aussi, les confessions augustes auxquelles je me réfère( et non pas Luther ni Calvin) ne remettent pas en cause la pratique baptismale plus lâche de l'Église ancienne puisqu'elles n'ont pas d'assise scripturaire pour ce faire. Elles soulignent plutôt l'importance de la PAROLE de l'évangile dans l'obtention de la foi salvifique et écartent, du même coup, le péril pélagien alors qu'une trop forte insistance sur le pédobaptisme n'écarte ni le péril manichéen ni le péril ritualiste, païen, superstitieux et idolâtre... Evil or Very Mad Evil or Very Mad De plus, il faut faire attention à ne pas gauchir la rigueur théologique en une simple attitude de rejet face à l'hérésie.Sinon, nous, pro-testants, devrions être athées puisque les papistes croient en Dieu... Rolling Eyes

Je comprend qu'à votre âge les méditations sur le Cantique des cantiques vous travaillent plus que la rigueur théologique d'un Saint Paul mais faites attention:ne mettez pas la charrue avant les boeufs et procréez avant de baptiser. Autrement dit, faites attention à des conclusions trop rapides, par des lectures à la va- vite, dûes aux humeurs fringantes de cette saison de votre vie... Wink Frère Alain Cool
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