Semper Reformanda
www.vbru.net/src/
Menu
Semper Reformanda Index du ForumIndex
FAQFAQ
FAQRangs
Liste des MembresListe des Membres
Groupes d'utilisateursGroupes d'utilisateurs
S'enregistrerS'enregistrer
ProfilProfil
Se connecter pour vérifier ses messages privésMessages
ConnexionConnecté/Deconnecté

Qui est en ligne
Administrateur & Modérateur


Liens
Site Réformé Confessant
Livre d'or SRC
Chat SRC
-------------
Créez votre blogg
Votre album photos

Recherche rapide

Recherche avancée
Google

phpBB Group
Pour quel genre de parti envisagez-vous de voter en 2007?
Aller à la page Précédente  1, 2, 3, 4, 5  Suivante
 
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Semper Reformanda Index du Forum -> Politique
Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant  
Auteur Message
Ours Martin

Modérateur


Inscrit le: 16 Sep 2005
Messages: 289
Localisation: Paris

MessagePosté le: Ven Mar 23, 2007 21:42    Sujet du message: Répondre en citant

Pierre, vous a t'on jamais dit qu'un devoir de 50 pages hors-sujet et un de 2 pages hors-sujets sont tous les deux...hors-sujets? Vous exposez toujours vos idées sous une forme lègrement diffèrente, mais vous en répondez jamais aux aobjections et aux remarques.
Votre discours, qu'on pourrait tout aussi bien retrouver sur un forum catho tradi, certains d'entre nous l'ont entendu cent fois, vous ne tombez quand même pas sur des perdreaux de l'année! Enfin bon, mon expérience me montre qu'il est difficile d'avancer sur le sujet.

Je conseille à tous le très bon "L'Illusion politique" de Jacques Ellul.
_________________
L'Ecriture sainte toute entière, du début jusqu'à la fin, indique et montre uniquement le Christ.
Luther.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Pierre Benoit

Stagiaire


Inscrit le: 15 Mar 2004
Messages: 51

MessagePosté le: Ven Mar 23, 2007 22:58    Sujet du message: Répondre en citant

Jacques Ellul, et l’impossible Dialectique entre Marx et Calvin


Un article paru dans la Revue Réformée, N° 132, 1982. Considération sur l’ouvrage de Jacques Ellul : A temps et à contretemps, Le Centurion, Paris, 1981.

Cet ouvrage nous donne l’orientation de son œuvre. Bien que talentueux, je cite un simple exemple qu’il déclare lui-même : « Au fur et à mesure que j’ai connu la pensée protestante, je me suis écarté de Calvin pour me rapprocher de Kierkegaard et de Karl Barth. » etc…

Je reviendrai probablement sur lui…

_________________
Veritas Vulnere Viret, Sous les coups la Vérité se renforce. (Pierre Viret)
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Ours Martin

Modérateur


Inscrit le: 16 Sep 2005
Messages: 289
Localisation: Paris

MessagePosté le: Sam Mar 24, 2007 10:04    Sujet du message: Répondre en citant

Pierre Benoit a écrit:


Cet ouvrage nous donne l’orientation de son œuvre. Bien que talentueux, je cite un simple exemple qu’il déclare lui-même : « Au fur et à mesure que j’ai connu la pensée protestante, je me suis écarté de Calvin pour me rapprocher de Kierkegaard et de Karl Barth. » etc…

Je reviendrai probablement sur lui…


Et alors? ça vous choque? que cherchez vous à prouver en extrayant dix mots de l'oeuvre d'un des plus grands penseurs chértiens du 20ème siècle? Est-ce juste dans le but d'introduire le soupçon à son égard dans l'esprit de certains? Je vous signale par ailleurs qu'Ellul reconnaissait aussi sa dette envers Luther, même si ceux qui cherchent à le dénigrer oublient de le préciser.

Barth? mais mon cher, Ellul est juste typique de cette génération de français qui, après avoir lu L'Instutution est passée à la Dogmatique. Le néo-calvinisme des années 30 s'est simplement fondu dans la néo-orthodoxie, et il faut dire que cela a quand même donné quelque chose de fort intéressant sur le plan intellectuel, plus intéressant en tout cas que "l'archéologie ecclesiastique" que dénonçait Léonard et dans laquelle hélas une grande partie des réformés confessants ont cru bon de s'engager, se condamnant à l'échec en termes dinfluence. DE toute façon, Barth s'inscrit en plein dans la tradition calvinienne qu'il a puissament renouvelée.

Kierkegaard? Ecoutez, moi aussi, plus j'avance et plus je l'aime.

le protestantisme, c'est la liberté, le libre examen. Il n'y a pas d'Index chez nous (sauf pour ceux qui veulent s'en imposer un). On peut tout lire, apprécier, rejeter, etc...

Vous pouvez bien sûr "revenir" sur lui, mais de grâce, épargnez nous l'article de Berthoud sur "Ellul et marxisme" qui montre bien qu'il est impossible de comprendre Ellul quand on ne saisit pas son rapport à la dialectique.
_________________
L'Ecriture sainte toute entière, du début jusqu'à la fin, indique et montre uniquement le Christ.
Luther.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Augustinus

Consacré !


Inscrit le: 30 Juin 2004
Messages: 1298
Localisation: Patriarcat Virtuel

MessagePosté le: Sam Mar 24, 2007 12:26    Sujet du message: Répondre en citant

Euh, Ours Martin, j'ai l'impression que nos messages se sont croisés et que tu n'as pas lu celui là, alors... je le remets Cool

Patriarche Timothéos Ier a écrit:


Au fait, que penses tu de ce que Pierre Courthial dit au sujet du Psaume 2, et de Matthieu 28.18-20 (dont j'ai remarqué qu'il avance souvent pour appuyer son propos)?

_________________
Chantez à l'Eternel, vous qui l'aimez,
Célébrez par vos louanges Sa Sainteté!
Car sa colère dure un instant,
mais sa grâce toute la vie;
le soir arrivent les pleurs,
et le matin l'allégresse.

Psaume XXX.5-6
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé Envoyer un e-mail
Pierre Benoit

Stagiaire


Inscrit le: 15 Mar 2004
Messages: 51

MessagePosté le: Sam Mar 24, 2007 16:45    Sujet du message: Répondre en citant

Eh bien ! Maintenant je ne m’étonnerai plus de vos réactions et je vois très bien sur quelle ligne vous êtes. Je le répète vous êtes en porte à faux avec la vision du Site Réformé Confessant et je le dis tout en vous respectant comme un frère chrétien. J’aurais aimé qu’il y est plus d’intervenants et connaître en particulier l’avis du pasteur Vincent Bru qui est l’auteur de ce site et qui vous a choisit comme modérateur.

Citation:
Kierkegaard? Ecoutez, moi aussi, plus j'avance et plus je l'aime.
le protestantisme, c'est la liberté, le libre examen. Il n'y a pas d'Index chez nous (sauf pour ceux qui veulent s'en imposer un). On peut tout lire, apprécier, rejeter, etc...

Vous pouvez bien sûr "revenir" sur lui, mais de grâce, épargnez nous l'article de Berthoud sur "Ellul et marxisme" qui montre bien qu'il est impossible de comprendre Ellul quand on ne saisit pas son rapport à la dialectique.


Concernant Barth et Kierkegaard tout comme le néo-calvinisme, je ne vous suis pas du tout. La Revue Réformée a fait paraître suffisamment d’articles concernant leurs dérivent théologiques.

En l’occurrence, pour Jacques Ellul, je trouve au contraire tout à fait approprié de faire paraître l’article ci-après, donnant ainsi la liberté aux autres d’en apprécier eux-mêmes l’étude.
Car cela explique entre autre exemple pourquoi, nous participons depuis la fin du XVIIe siècle, à l’affadissement et l’affaiblissement, l’effondrement du Christianisme dans la Cité, sur la vie de la société et sur les hommes.




Jacques Ellul, et l’impossible Dialectique entre Marx et Calvin.

Depuis une quarantaine d'années, (écrit en 1995) le protestantisme francophone a été marqué par de fortes personnalités laïques dont l'importance n'a guère reçu l'attention appréciative et critique qu'elle méritait dans les milieux évangéliques et réformés. Je pense en particulier à l'œuvre d'écrivains tels Denis de Rougemont et Marcel Regamey en Suisse, et en France à Jean Brun, Pierre Chaunu et Jacques Ellul.
Ce dernier a publié en 1981 aux éditions Le Centurion une série d'entretiens autobiographiques remarquablement menés par la journaliste catholique Madeleine Garrigou-Lagrange. Ce livre éclaire d'une manière tout à fait exceptionnelle, non seulement l'œuvre immense de Jacques Ellul, mais aussi tout son itinéraire spirituel. Il constitue également un important commentaire sur les événements politiques de ces cinquante dernières années. Le livre, malgré quelques redites, est fort bien mené et se lit avec passion, provoquant chez le lecteur une réflexion soutenue.
Pour parler d'abord des antécédents de Jacques Ellul, nous y apprenons que du côté de son père — un homme d'affaires ruiné par la grande crise — il est d'origine serbo-italienne, et que par sa mère — artiste peintre — ses souches sont françaises et portugaises. Par ses deux parents, Ellul — nom d'un mois du calendrier juif- a des ancêtres juifs, bien que sa mère fût protestante non pratiquante, et son père libre-penseur, superficiellement rattaché à Église orthodoxe serbe. Ellul nous donne quelques aperçus sur son enfance qui nous font souhaiter qu'il puisse utiliser ses loisirs actuels à nous donner une véritable autobiographie.
I. Initiation marxiste
Brillant élève, ayant une forte capacité d'assimilation de connaissances dans des domaines très divers, il manquait au jeune Ellul une grille qui puisse donner une signification à toutes ces idées. Cette première explication du monde, qu'il n'a d'ailleurs jamais abandonnée, lui fut fournie par la lecture de Karl Marx. C'était en 1931. Étudiant, son père au chômage, ses parents malades, il devait gagner la vie du foyer en donnant des leçons tout en poursuivant ses études.
Quand, dans cette situation, notre professeur d'économie politique nous a parlé de Marx, que j'ai demandé à la bibliothèque à emprunter Le Capital, et que j'ai commencé à le lire, vous comprendrez facilement que l'effet produit par cette lecture ne relevait pas tout à fait du hasard. J'avais 18 ans. je découvrais une interprétation globale du monde, l'explication de ce drame de la misère et de la décadence que nous avions connu. L'excellence de la pensée de Marx, au plan de l'explication économique, m'a convaincu. [A temps et à contretemps, Jacques Ellul, p.14]

De cette conviction Ellul n'est, en fait, jamais revenu. Par la suite, il s'est distancé du communisme et d'un marxisme dogmatique. Il dit, par exemple,
II ne m'est réellement plus possible de croire que le marxisme représente le dernier mot de la science, le dernier mot de la vérité. Dans ces domaines, je dirais que le marxisme devenu dogmatique représente le mensonge même. [A temps et à contretemps, Jacques Ellul, p.57]

Aussi sur le communisme il est tout aussi net :
Et, actuellement encore, on admet parmi les intellectuels la critique du communisme sur le plan économique ou institutionnel! Mais ce n'est pas l'essentiel. Le communisme est avant tout une corruption interne radicale de l'homme. C'est ce que l'expérience m'a appris. Ce qui fait que dans cet ordre d'idées les Chrétiens communistes sont les pires ! Je suis donc définitivement à l'opposé du communisme. [A temps et à contretemps, Jacques Ellul]
Néanmoins il a toujours adhéré, et adhère encore, au marxisme comme explication globale de la réalité sociale.
Par contre, je suis tout à fait d'accord avec un marxiste qui se donne pour une méthode d'interprétation — une des meilleures, à mon avis la meilleure — du monde du XIXe et du XXe siècles ; avec un marxisme qui donne aussi une certaine possibilité d'action politique.
Et il ajoute,

Le marxisme comme étude sociologique du capitalisme n'implique aucune croyance

Ainsi son interprétation du monde, interprétation parfaitement objective, car n'impliquant aucune croyance, lui a été fournie par un penseur dont tout le système de pensée était foncièrement opposé à la foi chrétienne. Loin de lui un quelconque rejet de la doctrine marxiste de la société pour des raisons chrétiennes ! La pensée sociale, économique cl politique d'Ellul a, dès ses débuts, des fondements radicalement athées. C'est là un point capital qu'il ne faudra jamais oublier en le lisant. Son analyse de la société n'est pas chrétienne mais marxiste.
Mais qu'est donc alors son christianisme ? Malgré ses antécédents familiaux formellement chrétiens, Ellul n'a en fait reçu aucune éducation chrétienne. Son christianisme part d'une rencontre dramatique avec Dieu :
Et puis il y a eu dans ma vie un événement qu’on peut appeler conversion et que je ne veux pas raconter. On a raconté trop de conversions... Je relèverai seulement deux choses à ce propos. La première, c'est que ce fut aussi brutal que la conversion la plus brutale dont on pu parler. La deuxième, c’est que je me suis mis à fuir éperdument Celui qui s’était révélé à moi. Ça n’a pas été la conversion positive celle qui vous pousse à lire la Bible, à entrer dans l'Église. Ce fut le contraire : J'ai reconnu que Dieu avait parlé mais je n'avais pas envie qu'il mette la main sur moi. J'ai fui. Ce débat a duré dix ans. (...) Disons que je voulais rester maître de ma vie et j'avais l'impression qu'en cédant à cette pression de Dieu je ne serais plus le patron. Cela explique que, découvrant Marx et son explication du monde, j'ai préféré suivre cette voie plutôt que celle du christianisme.
Mais chez Ellul il s'agissait d'un christianisme purement personnel ne dépassant pas la piété privée :
En fait, le christianisme ne m’apparaissait pas du tout comme une explication du monde. Il ne faut pas oublier qu'à cette époque le débat essentiel des chrétiens tournait autour du salut individuel. C'était une affaire purement personnelle. Mais c'est au niveau de cette question personnelle que Marx me paraissait défaillant. Il pouvait m'expliquer mit situation mais pas ma condition humaine, ma condition d'homme mortel, d'homme souffrant et aimant, mes relations avec les autres.
Citons encore ce passage décisif :
Dans la mesure où je prenais très au sérieux la pensée de Marx, où Marx insistait sur l'inutilité de poser la question de Dieu et où il récusait toute autre dimension que la dimension économique et politique, je ne voyais pas de conciliation possible. Par ailleurs, je ne voyais aucune systématisation possible du christianisme dans les domaines économique tt politique. Les théories sociales de l'Église me paraissaient antique v et te socialisme chrétien, le christianisme social (...) me semblait très superficiel et n’allant pas au fond du problème. D’ailleurs cette révélation que j'avais reçue de Dieu était-elle susceptible d'une systématisation ? Je voyais bien la possibilité d'une communication sur le plan individuel, de la piété, de la prière,... rien au-delà. Je suis donc incapable d'éliminer Marx, incapable d'éliminer la révélation biblique, incapable de fusionner les deux. Pour moi, il n’était pas possible de les additionner.
J'ai donc commencé à être écartelé entre les deux et je le suis resté toute ma vie. Le développement de ma pensée s'explique à partir de cette contradiction.
II. Marx et Calvin
Cet écartèlement a été encore accentué par son adhésion à cette époque à certains aspects de la pensée de Calvin. C'est la lecture de L'Institution Chrétienne qui le conduisit à s'attacher à l'Église réformée. Ce qu'il appréciait tout particulièrement chez Calvin était sa référence constante aux textes de la Bible et sa lecture assez directe de l'Écriture. Mais cet attachement à Calvin n'était pas pour rendre la position de Jacques Ellul plus facile. Voici la manière dont il définit la position spirituelle du réformateur :
Calvin est un écrivain de combat. Sa théologie est extrêmement fermée. Pour lui, il n’existe qu’une vérité, tout le reste est erreur. Autrement dit, aucun pluralisme n 'est compatible avec sa pensée.
Comment donc alors concilier l'adhésion à deux systèmes de pensée aussi exclusifs et aussi contradictoires ?
...le plus inconfortable était bien d'être en présence de deux penseurs aussi exclusifs, aussi totalitaires l'un que l'autre. Or je ne pouvais lâcher aucun d'eux.
Comme Ellul le dit fort bien, cet écartèlement, s'il s'y figeait, le conduisait à devenir littéralement schizophrène (p. 20). Il résume sa situation de manière frappante :
Dans mon cas, il n'était pas impossible d'être rigoureux intellectuellement avec la pensée de Marx pour tout ce qui concerne l'interprétation du monde. Par ailleurs, j'étais convaincu dès le début qu'il ne peut exister ni politique chrétienne, ni économie chrétienne, ni société chrétienne, mais que la Révélation apporte une vérité existentielle fondamentale. Il s'agissait de faire en sorte que ces deux vérités puissent être vécues ensemble. Je dis bien vécues, et non pas conciliées intellectuellement dans un système. L'aspect économique et politique de la pensée de Marx (...) devenait pour moi un bon cadre de compréhension de la société où je vivais, mais la Révélation (...) me permettait d'y vivre, d'y être vivant.
Dans ces quelques passages, Ellul pose de façon très claire les fondements de toute sa démarche intellectuelle. Il nous reste à voir comment il a évité celle schizophrénie intellectuelle qui caractérise si bien son dualisme fondamental : liberté existentielle et déterminisme sociologique. Cette conciliation se fait d'abord par une dialectique pratique, dialectique de l'action. Cette résolution des difficultés théoriques par l'action domine toute notre civilisation moderne, à lu fois pragmatique et activiste. Selon la formule célèbre de Gœthe, un des maîtres d'Ellul, Au commencement était l'action et non le Logos, le Verbe, la Parole de Dieu.
Dans ces conditions, le développement de ma pensée ne pouvait être que dialectique : ou bien je me figeais à l'endroit de ce déchirement et je devenais littéralement schizophrène, ou bien je dépassais la contradiction en marchant, comme disait Mao, sur mes deux jambes, réussissant chaque fois à répondre à telle ou telle situation existentielle, à telle situation historique ou politique. Ceci fait, je retrouvais la contradiction et je devais avancer de nouveau.
Nous retrouvons cette solution de ses problèmes intellectuels et spirituels par l'action dialectique tout au long de la carrière de Jacques Ellul. Qu'il s'agisse de la création de petits groupes dans les années trente en vue de préparer un changement de société, de la résistance pendant la guerre, de sa participation à la municipalité de Bordeaux à la libération, de son action dans l'Église réformé de France et au sein du Conseil œcuménique des Églises, du combat écologique qu'il livra pour sauver le littoral de l'Aquitaine, ou de l'œuvre de secours à des jeunes déboussolés, toutes ces actions faisaient partie de cette dialectique capable d'apaiser temporairement la tension provoquée par son adhésion à deux systèmes contraires.
III. Marx, Calvin... et Barth!
Mais la tension intellectuelle et spirituelle entre Marx et Calvin était trop violente pour durer. La dialectique entre la thèse marxiste et l'antithèse calviniste devait aboutir à une synthèse apte à résoudre ou, du moins, calmer le conflit. C'est son ami Jean Bosc qui lui » fourni la solution à cet insupportable tension. Il lui fit connaître la pensée de Karl Barth.
Jean Bosc m'a fait rencontrer Barth qui a une tout autre dimension. Je me souviens du choc que m'a donné en 1936 — ou peut-être en 1935 — la lecture de Parole de Dieu, parole humaine (...) ce fut une incroyable libération.
Avec lui, j'ai d'abord découvert une compréhension souple de l'Ecriture, Barth était infiniment moins systématique que Calvin et tout à fait existentiel.
Pour Ellul, cette rencontre avec Barth a été décisive. Cela lui a permis de se détourner de l'interprétation rigide, c'est-à-dire systématiquement logique, grammaticale et historique, que Calvin donnait de la Bible. Il le dit lui-même fort clairement :
Au fur et à mesure que j'ai mieux connu la pensée protestante, je me suis écarté de Calvin pour me rapprocher de Kierkegaard et de Karl Barth.
D'abord, je ne suis pas calviniste et, si la lecture de Calvin m'a influencé à une certaine époque, j'ai depuis, et très largement, pris mes distances à son égard.
Et il ajoute ces paroles particulièrement significatives :
(...) j’ai davantage évolué au point de vue théologique qu’au point de vue sociologique, j'ai moins transformé que précisé et approfondi la connaissance que j'avais intuitivement de la société. Rien dans ce qui est survenu depuis trente-cinq ans ne m'a amené à changer quelque chose d'essentiel à ce que je pensais alors. Les clefs de compréhension et ma méthode de travail sont restées les mêmes, et ce qui s'est produit de nouveau se bornait à confirmer ce que j'avais écrit.
N'oublions pas que son intuition première du sens de la société lui est venue de Marx et que c'est le marxisme qui lui en a fourni la clef ! Dans toute démarche dialectique, l'une des deux thèses en présence finit par dominer l'autre. Comme nous en avertit Jésus-Christ, il n'est guère possible de servir deux maîtres. Pour Ellul, c'est son interprétation marxiste de la société qui est l'élément dominant de sa pensée dialectique, la base sur laquelle vient se dessiner le contrepoint d'une pensée biblique. Voyons comment il commente le grand commandement : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ta pensée (Mt. 22 : 37):
J'ai pensé qu’ 'il pourrait y avoir un mode de relation dialectique (entre la Bible et l'analyse de la société). Non pas qu'à un problème posé en termes sociologiques il existe une réponse chrétienne, mais un contrepoint dialectique. (...) J'ai donc essayé, en 1943, d'établir un plan de ce que pourrait être une œuvre de connaissance de la société actuelle avec, en parallèle, le contrepoint théologique. (...) Encore une fois, il ne s'agit pas de donner des réponses chrétiennes — ni des solutions (ce qui serait absurde).

Comme dans une fugue ce sera toujours, en fin de compte, la basse continue marxiste qui déterminera pour Ellul la nature de son contrepoint théologique. En bonne doctrine marxiste, le christianisme de Jacques Ellul est l'épiphénomène du phénomène fondamental, évidemment économique et politique.
Mais la rencontre avec Barth eut bien d'autres effets. Pour Ellul, comme pour combien d'autres intellectuels protestants, cela a permis la réconciliation du respect de la Bible et l'acceptation de la critique biblique moderne. Ici encore l'analyse de Ellul est si lucide qu'elle mérite d'être citée in extenso :
Et puis Barth a fait une chose qui m'est apparue prodigieuse. Il existait alors, au sein du protestantisme, un très fort courant dit libéral qui correspond un peu à l'ancien modernisme catholique, et qui avait tendance à évacuer du christianisme et de la théologie ce qui était inacceptable rationnellement et scientifiquement. Pour ma part je n'étais pas du tout libéral dans la mesure où je tenais par-dessus tout à la parole biblique dont tout, y compris l'irrationnel, le non-scientifique, me paraissait important. Il n’empêche que la critique des libéraux me paraissait sérieuse (surtout la critique historique). Barth a dépassé le conflit orthodoxes-libéraux et il l'a dépassé grâce à la dialectique en intégrant dans sa théologie tout ce que les libéraux avaient découvert et formulé. Il a notamment réintégré le mythe comme moyen de compréhension du texte biblique (...) Enfin, il devenait possible de marcher sur la voie d'une recherche scientifique, historique, exégétique, critique, tout en maintenant la plénitude du texte biblique.
Cela eut des implications évidentes dans le domaine de l'éthique :
C'est un facteur très important de la pensée de Barth que de montrer la liberté comme centrale et Dieu comme le libérateur. A partir de la pensée de Barth, je peux dire que tout se retourne. Les commandements de Dieu sont plus des impératifs mais des promesses. Il ne faut plus lire le Décalogue : Tu feras ceci, mais : II te sera donné de vivre comme cela. (...) Ce n'est donc pas une lourde contrainte qui nous fait franchir les limites, mais une possibilité de vie.
Ailleurs, il dit que malgré sa passion pour le droit romain,
... je contestais sans cesse le juridique au nom du vivant.
Et sur l'éthique il dit encore :
Une éthique, oui, si l'on veut, mais non pas une éthique du commandement s'exprimant dans un Tu feras cela. Plutôt une éthique d'ordre spirituel (...) un impératif de liberté à partir de la libération du Christ.
La fonction de la loi est ici effacée par celle de l'Évangile et nous nous trouvons devant un christianisme antinomien foncièrement dans le système religieux d'Ellul tous peuvent gagner. Il en vient à défendre l'universalisme du salut. Plus personne ne sera perdu. Cette vision des choses le conduisit, non à se conformer au Christ en faisant Sa volonté, en obéissant à Ses saints commandements, mais à accomplir sa propre volonté, à faire sa vie lui-même :
J'ai entrepris mon invention et mon trajet personnels. De toute façon, il me semblait impossible de vivre sans que cela ait un sens. Il me fallait bien en trouver un. Même s'il n'y en a pas en soi.
Mais l'impression finale que l'on retire de ces confessions de Jacques Ellul est que ce trajet personnel a été, de son propre aveu, un échec :
Je dirais volontiers que j'ai échoué partout et que je n 'en retire aucune amertume...
Puisque mon expérience n'a rien donné, ce n'est pas ce qu'il fallait faire. Ne perdons pas notre temps, essayons autre chose...
Si cela ne doit pas pousser, eh bien tant pis, c’est tout ce que je peux dire avant d'essayer autre chose. Toute ma vie j'ai essayé défaire autre chose.
Sans elle (la certitude de la Révélation biblique), j'aurais sombré dans le désespoir en voyant l'inutilité de mes efforts et l'échec de toutes les révolutions. L'échec a toujours eu une grande importance dans ma vie.
IV. Le défaut métaphysique dans l'armure d'Ellul
D'où peut donc provenir un pareil sentiment d'impuissance et d'inefficacité chez un homme d'action aussi capable et énergique ? Il y a quelque chose de vraiment tragique dans la destinée que nous décrit Jacques Ellul. On a l'impression d'un immense talent gaspillé, d'une richesse prodigieuse ruinée, d'une vie flouée. Il s'y trouve l'apparence de la piété, mais où donc est cette force qui renverse les montagnes ? La faiblesse cruciale d'Ellul se trouve — et c'est encore lui qui nous le dévoile — dans son incompétence, et en conséquence, sa naïveté métaphysique. Parlant de ses premières lectures chrétiennes, il dit :
J'ai lu à la même époque (où il découvrait l'Institution chrétienne de Calvin) saint Augustin dont j'étais très proche, un peu de Saint Thomas, avec lequel je n’ai pas accroché du tout. Mais cela tient à un défaut intellectuel que j'ai depuis toujours : je ne suis absolument pas philosophe, aussi suis-je resté complètement fermé à la pensée de saint Thomas qui me semblait une pensée philosophique. J'ai lu Duns Scot et certains autres grands théologiens du Moyen Age, auxquels je n'ai pas trouvé plus d'intérêt qu'à Aristote et Platon.

Il y a chez Ellul une opposition entre l’existentiel et le philosophique qui est caractéristique de toute la pensée issue de la néo-orthodoxie kantienne de Barth. Le Christ ne nous dit pas simplement Je suis la vie — ce qui équivaudrait à un christianisme uniquement existentiel, — ni Je suis la Vérité — ce qui aboutirait à un christianisme purement conceptuel. Mais II déclare : Je suis le chemin, la vérité et la vie. Ainsi il affirme autant l'aspect existentiel que l'aspect conceptuel de la Foi chrétienne. Ainsi la foi, notre rapport avec Dieu, et la règle de foi, la doctrine chrétienne, ne peuvent s'opposer dans le christianisme. Calvin a le don de maintenir constamment ensemble ces deux aspects du christianisme dans ses écrits. C'est également le cas, à des degrés divers, chez tous les vrais penseurs chrétiens. Cette dangereuse innocence conduit Jacques Ellul à affirmer :
Le marxisme comme étude sociologique du capitalisme n’irnplique aucune croyance
ou qu'il a aujourd'hui
. . . une connaissance biblique plus profonde et de plus en plus affranchie de présupposés philosophiques ou théologiques.
Ce que la réflexion philosophique calviniste a pu dégager de plus en plus clairement depuis maintenant un siècle, c'est que nous ne pouvons jamais nous passer de présupposés — de pré-jugés — philosophiques et théologiques, de motifs de base religieux, comme le du le grand maître en ce domaine, Herman Dooyeweerd. Pour qui a un peu de connaissance et de perspicacité philosophique, il saute aux yeux que toute la pensée de Jacques Ellul est fondée sur le dualisme kantien de l'opposition absolue entre la liberté et la nécessité, l’opposition du noumène aux phénomènes. D'un côté nous trouvons Dieu et la religion dont le fondement est la liberté. Cette liberté cm conçue, non seulement comme étant au-delà du bien et du mal car, nous dit Ellul,
Le bien, dont nous parle l'Écriture, ce n'est pas l’équivalent du bien moral, mais l'identité à la volonté de Dieu.
mais au-delà aussi des contraintes de la raison elle-même. De l'au[ côté, nous avons toute la vie terrestre, technique, économique, politique, scientifique, etc. Entre les deux il y a rupture absolue. Ni: retrouvons ce schéma dans les différents ouvrages d'Ellul : pour droit (Le fondement théologique du droit) ; pour la vie économique (L'homme et l'argent) ; pour la technique (La technique et l'enjeu du siècle), etc. Toutes ces activités humaines, dit-il, ne débouchent sur rien, car il n'y a pas de continuité possible entre l'action menée par l'homme sur la terre et l'établissement d'un royaume de Dieu.
Ellul aboutit ainsi à ce que l'on peut justement appeler une démonisation du monde, de la politique, de la guerre, de l'administration, de la technique, etc., et, en fin de compte, de la création elle-même.
Je pensais que le monde est séparé de Dieu, donc mauvais. Je le crois toujours.
C'est pour cette raison qu'Ellul s'oppose si fortement à toute Révélation générale de Dieu par sa création, à toute loi morale reflétant fidèlement la pensée éthique précise de Dieu,

...une morale du Tu feras — Tu ne feras pas qui est un anti-christianisme.
et à toute manifestation présente du Royaume de Dieu dans la vie réelle du monde : affaires, économie, politique, technique, etc.
Tous ces domaines sont de l'ordre des phénomènes irrémédiablement séparés par le décret éternel d'Emmanuel Kant du noumène de Dieu, de la pensée de Dieu, du sens que Dieu donne à toutes ses créatures. Cela n'est rien d'autre que l'évacuation complète de notre civilisation de tout son héritage chrétien et, plus encore, rend impossible la découverte d'un quelconque sens au monde qui nous entoure. Car l'analyse marxiste, dont Ellul pense tant de bien, est une analyse de la société privée de toute considération de ses éléments créationnels. Est-il étonnant alors qu'une perspective pareille aboutisse, d'une part à l'impuissance de rejoindre la réalité sociale par le moyen d'une action efficace, car elle passe à côté de son objet, et d'autre part donne une description infernale de la réalité qu'elle imagine ? L'œuvre d'Ellul est, en quelque sorte, une justification théorique et un prolongement idéologique de la sécularisation humaniste de notre monde moderne.
Nous le voyons, ces entretiens avec Jacques Ellul sont bien davantage qu'une simple autobiographie fragmentaire, témoignage lucide sur le demi-siècle écoulé. Ce livre nous donne la description d'un cas typique. Nous y trouvons l'évocation de la trajectoire d'une vie qui résume l'itinéraire futile du christianisme moderne et de toute une civilisation perdue. La vie de Jacques Ellul est comme le résumé incarné des conséquences intellectuelles, morales et spirituelles du dualisme kantien. Le kantisme, pourrait-on dire, a institutionnalisé le mensonge, car la Vérité de Dieu et la réalité perceptible sont placées sur des plans différents, ce qui empêche toute communication entre elles.
Chez Kant, nous trouvons une séparation fondamentale entre l'être (l'en-soi, le noumène) ct l'apparence des choses (les phénomènes). Au premier appartient la foi, au second la raison. La foi en Dieu ne peut être connaissance conceptuelle ; la connaissance sensible et rationnelle des phénomènes ne peut témoigner de leur être, de leur sens véritable, de Dieu. D'un côté la religion ; de l'autre, la science. D'une part l'homme et ses besoins existentiels fondamentaux ; de l'autre, la technique négatrice de l'homme. Cette dichotomie inconciliable s'est manifestée de manière fondamentale dans l'opposition entre Hegel et Kierkegaard. Chacun tenait un des éléments du système kantien et le poussait à ses dernières conséquence», Pour Hegel, c'était le système logique absolutisé ; pour Kierkegaard, c'était la foi, l'individu, l'instant existentiel divinisé. Il nous faut bien comprendre que dans son combat contre Hegel, Kierkegaard n'a pas su vraiment dépasser le cadre du système kantien. Toute son opposition à Hegel s'appuyait sur le noumène de Kant, sur l'instant existentiel totalement impropre à la conceptualisation.
Ce que révèlent de manière éclatante les confidences de l Ellul à Madeleine Garrigou-Lagrange est la manière dont il a incarné cette division, qu'il appelle lui-même schizophrénique, dans toute sa vie, dans toute sa pensée. Pour Ellul, les deux pôles de ce kantisme vécu et réfléchi sont, pour les phénomènes, Karl Marx ; et pour le noumène, Karl Barth. Barth joue ici le rôle de l'instant existentialiste kierkegaardien ; Marx, celui des phénomènes — surtout politiques et économiques rationalisés de l'hégélianisme. C'est l'opposition caractéristique de la pensée moderne entre liberté d'une part, et de l'autre, opposition que Dooyeweerd, Van Til et Schaeffer ont si bien su mettre en lumière : l'homme libre contre la technique totaliaire.
Mais si Kant avait tort ? Si dans la réalité le problème ne se IH pas du tout comme il le pose ? Si la technique et la science n'élit pas en elles-mêmes les adversaires irréductibles de la vie et de la liberté humaines ? Si la foi et la raison n'étaient pas inconciliables ? Si le système n'était aucunement, en soi, l'adversaire mortel de l’instant vécu ? Si le noumène, Dieu, n'était pas irrémédiablement coupé des phénomènes, la création ? Si, en fait, les phénomènes témoignaient tous, et dans leurs moindres détails, de l'Etre, et que toute la création — technique, science, raison, économie, politique, etc. - rendaient un témoignage éclatant à l'être, au noumène, à l'instant existentiel, à la foi, à Dieu ? Et malgré la vanité et la corruption auxquelles toutes les créatures ont été soumises depuis la chute. Car le nom de l'Éternel est magnifique dans l'univers entier. La terre et les cieux Lui rendent gloire, et la création tout entière témoigne de Sa puissance éternelle et de Sa divinité. Des étoiles les plus lointaines 11» structure infime des atomes, tout rend gloire de manière éclatante au Créateur. La schizophrénie kantienne n'est autre qu'un esprit d'aveuglement dont Dieu fait libéralement bénéficier les « savants » ceux qui s'imaginent être sages et qui refusent de voir la manifestation de la gloire de Dieu dans toute la création. Refoulant cette évidence, aussi éclatante que le soleil en plein midi, ils se rendent totalement inexcusables devant Dieu.
Le mal n'est ni dans la technique, ni dans la raison, ni dans le système, ni dans la science. Il n'est pas non plus dans le déterminisme créé par Dieu, des phénomènes. Le bien, de son côté, n'est ni dans la vie, ni dans la liberté, ni dans la foi, ni dans l'instant existentiel et encore moins dans la communion irrationnelle mystique avec le noumène. Toutes ces choses peuvent être ou bonnes ou mauvaises, ou source de bien et de vie. Elles sont sources de vie si on en use en Christ, dans le but pour lequel elles ont été créées, et conformément aux lois immuables de Dieu révélées dans Sa Parole écrite. Mais elles sont toutes sources de mort et de destruction, source de mille maux, si leur usage se détourne du Dieu vivant, de Sa bonne loi, se voulant hors de Christ, se soumettant plutôt aux folles fantaisies des hommes révoltés contre l'Auteur de leur vie, contre l'Artisan de l'univers et contre l'Ordonnateur divin de la société des hommes.
Ainsi ce n'est pas l'instant qui serait bon et le système mauvais. L'instant sans Dieu, l'instant hors de Dieu, hors de la foi et de l'obéissance aux paroles du Christ, l'instant nietzschéen, l'instant drogué ou sadique ne peut être que mauvais. L'instant en communion avec Jésus-Christ et dans l'obéissance à ses commandements de vie est, lui, bon. Il en est de même pour le système. Le système en lui-même n'est ni mauvais ni bon. Tout dépend de ce à quoi il s'ordonne. Tout système autonome par rapport à Dieu et à sa Parole, c'est-à-dire hors de Son système — dans le sens de sa Vérité providentielle, systématique, cohérente et complète, dépassant tout système imaginable par nous — se détourne de sa fin propre et, de ce fait même, se corrompt.
Le marxisme, par son athéisme systématique et par sa négation radicale et systématique de la loi de Dieu — voyez cet anti-décalogue qu'est le Manifeste Communiste — est le pire des systèmes économiques et politiques possibles. Sur le plan du psychisme, il en est de même pour le freudisme, lui aussi anti-divin, anti-mosaïque et antihumain.
La grille d'analyse marxiste que s'est donnée Ellul pour analyser la société ne pouvait qu'inévitablement aboutir, en conséquence de ses présupposés religieux et philosophiques de base, à la description d'une société totalement fermée sur elle-même contre Dieu, société infernale, dans le sens propre du terme. Comme sa grille d'analyse est fondée sur le mensonge, le modèle politique, économique et technique d'Ellul ne peut être que déformé. La réalité serait alors à rejeter en bloc, car totalement impropre à être modifiée pour le bien par l'obéissance de foi des chrétiens à la Parole de Dieu. Comme Freud a choisi la pire des névroses — le complexe d'Œdipe — comme norme absolue des structures de tout psychisme, de même Ellul a choisi la description marxiste fausse d'une société radicalement aliénée comme modèle typologique de son analyse sociale. Quels que puissent être les ravages du mal tant sur le psychisme que sur la société, un moment de réflexion nous fera comprendre l'aberration d'une telle démarche. Ce n'est pas le péché qui structure la bonne création de Dieu. L'ordre de la création bonne vient d'abord ; la corruption et la vanité, qui la font soupirer après la manifestation complète du Royaume de Dieu, viennent ensuite. La technique a ses fondements dans la création : le psychisme humain n'est pas structuré par ses maladies mais par l'ordre des commandements de Dieu ; la société n'est pas fondée sur l'injustice mais sur l'ordre éternel de la loi divine. Ce n'est pas la pathologie médicale, psychique, technique, politique, économique et sociale qui structure le réel. Ne nous faudrait-il pas regarder au Créateur de l'homme cl de l'univers pour discerner l'ordre voulu par Dieu pour la vie et le bonheur, pour tout dire : pour le salut des hommes et de la création tout entière ?
Conclusion
Nous pouvons maintenant mesurer à quel point la tragédie de M déchirement de la vie et de la pensée de Jacques Ellul, révélée de façon si poignante dans ces pages de confidences, a pour no monde valeur typique. Dans cette tragédie personnelle — Di veuille qu'il revienne de cette voie de perdition ! — se résume dilemme de toute notre civilisation. Les bornes du bien et du mal» vrai et du faux, de la Vérité et du mensonge ont été déplacées, l'homme, croyant ainsi se faire le maître de son destin, a érigé lui-même de nouvelles bornes et s'est perdu. Mais dans la réalité de l'ordre créé les bornes anciennes demeurent, quoi qu'en disent le» hommes. C'est à ces bornes anciennes, ordre de la création, dont la configuration précise est révélée dans l'Écriture par la loi de Dieu, que nous devons revenir. La lumière de la Parole de Dieu éclairera toutes choses sur notre chemin et nous pourrons à nouveau œuvrer. avec confiance et efficacité, à la reconstruction de notre monde dilapidé par les fausses pensées des hommes révoltés contre le Seigneur Jésus-Christ. Ainsi nous verrons notre travail porter des fruits pi nu visibles dans l'espérance de l'entière manifestation du Royaume de Dieu lorsque notre Seigneur et Roi Jésus-Christ entrera dan son règne.
Annexes
(a) Le réalisme de Jacques Ellul
A ces remarques, il convient d'ajouter le complément qui suit. Notre but était de décrire l'orientation de son œuvre. Mais lei hommes ne sont pas, Dieu merci, entièrement logiques avec leurs principes erronés. Leur œuvre peut contenir bien autre chose que ce qu'impliqué l'orientation fondamentale de leur pensée. C'est le eu évidemment pour Jacques Ellul. Sa grande vertu intellectuelle est ce qu'il appelle lui-même un réalisme à ras de terre qui refuse impitoyablement les mythes et les supercheries des hommes cherchant à tricher avec la réalité. Si seulement cette acuité critique s'était retour¬née contre ses propres pré-jugés insoupçonnés : le mythe d'une destruction créatrice chez Marx, la pauvreté intellectuelle et le dévoiement spirituels de la critique relativiste de la Bible et, surtout, le dualisme anti-chrétien d’Immanuel Kant. Mais Dieu voulait peut-être nous montrer à quelles aberrations conduisent la volonté de l'homme de se libérer du joug de la Vérité révélée et de la loi divine, ainsi que des contraintes de l'ordre de la création. Quoi qu'il en soit, la perspicacité exceptionnelle qui transparaît partout dans l'œuvre de Jacques Ellul nous fait mesurer quelle perte pour l'Église de Jésus-Christ a été son refus orgueilleux de capituler devant Dieu et sa déviation kantienne dans le barthisme. Citons quelques exemples de ce réalisme à tout crin. Parlant de l'époque de Munich, il écrit :
Et je dirais que cette période intermédiaire a été marquée par l'acquisition d'une chose qui, depuis, ne m'a jamais quitté : un réalisme politique à ras de terre. Au moment de Munich, par exemple, j'ai tout bêtement apprécié la situation de la façon suivante. Je n'étais pas Munichois mais, contrairement à la presque totalité des intellectuels protestants de l'époque, je n'ai pas été anti-munichois pour une raison purement réaliste. Je voyais très clairement que Munich aboutissait à laisser les mains libres à Hitler et détruisait la confiance que nos alliés avaient en nous. Mais être anti-munichois me paraissait d'un irréalisme politique total. Je disais alors (et j'écrivais !) : Pour engager le combat, c'est trop tard ou c'est trop tôt. C'est trop tard parce que, si on avait voulu gagner la guerre contre Hitler, c'est en 1935 qu'il aurait fallu la déclencher lors de l'occupation de la Ruhr. C'est trop tôt parce que, si on veut vraiment faire la guerre à Hitler, il faut s 'armer : nous ne sommes plus en mesure de répondre militairement. Je posais un jugement d'appréciation concret qui influence très souvent ce que j'écris et qui est rarement compris.
Sur ce point précis n'est-il pas surprenant de voir l'analyse d'Ellul rejoindre très exactement celle que formulait Charles Maurras à la même époque dans L'Action française ? Il ajoute :
Je considérais alors que les anti-munichois étaient des rêveurs idéalistes, pleins de bons sentiments, mais qu'ils ne comprenaient pas que déclarer la guerre à ce moment c 'était aller à la défaite à cause de la disproportion des forces en 1938 : il fallait avoir un délai pour se surarmer.
Pour citer un autre exemple de ce réalisme, il dit sur l'homosexualité :
Je connais les discours sur l'homophilie inconsciente, ils sont absurde et fonction d'une pédante psychanalyse bidon : en réalité, il s'agit, d'une part, d'évacuer l'amitié (qui a une substance indépendante de l'éros qui est aujourd'hui suspecte), d'autre part de réhabiliter l'homosexualité dans le grand courant qui consiste à démontrer que cette déviation est parfaitement normale, que tout le monde est homosexuel, ergo l'amitié doit y être ramenée.
Pour terminer, citons ces paroles roboratives sur les bêtises de lu pédagogie dite moderne :
Des tenants de la pédagogie moderne prétendent que la connaissant» n 'a en elle-même aucun intérêt, que la mémorisation n’a pas de valeur. Même dans les plus petites classes, on prétend éveiller l'intelligence sans passer par les discipline d'acquisition des connaissances, c’est absurdité : de même que l'on ne devient pas un peintre en collant des couleurs au hasard, mais en apprenant rigoureusement le dessein. Pour que Picasso ait atteint le dernier Picasso, il a fallu qu'il soit l'admirable dessinateur du début. Il n'y a pas d'inspiration ou d'intelligence sans discipline… L'intelligence ne se développe pas dans l'abstrait mais à partir d'un certain nombre de données. Il faut des connaissances acquises et mémorisées pour innover, pour raisonner, pour progresser.
La qualité de cette réflexion réaliste ne nous fait que davantage regretter que toute l'œuvre de Jacques Ellul ait été piégée dans l'idéalisme philosophique.
(b) La prétendue excellence de la pensée économique de KARL Marx
La valeur de la pensée économique de Marx n'est pas aussi évidente que le prétend Ellul. Pour prendre un aspect fondamental toute réflexion économique, celui de la valeur économique des biens, il est parfaitement faux d'affirmer, comme le fait Marx, que la valeur du travail soit déterminante pour l'établissement des prix. Jean Daujat en explique très clairement les raisons :
Signalons encore à ce propos une erreur capitale de Karl Max qui est de fonder la valeur économique sur le travail au lieu de la fonder sur le besoin à satisfaire. Pour Karl Marx, et un grand nombre d'économistes modernes qui le suivent sur ce plan, la valeur d'un produit se me la somme de travail qui s'y trouve incorporée ; il est clair que cela est faux si l'on réfléchit qu’ on peut consacrer autant de travail qu’'on voudra à la production de quelque chose, si cette chose ne satisfait aucun besoin, si elle ne sert à personne, si personne n 'en veut, elle n 'a aucune valeur économique ; au contraire les hommes chercheront à se procurer une chott dont ils ont besoin ou qu’ils désirent et lui donneront par là une valeur économique même s'il ne faut aucun ou presque aucun travail pour l'obtenir. Tenons donc pour certain que ce sont les besoins ou les désirs qui font la valeur des choses.
Ici Jean Daujat, défenseur qu'il est de la doctrine sociale catholique, rejoint la réfutation des théories économiques de Marx, développée par l'école néo-autrichienne de Cari Meyer et Eugen von Bôhm-Bawerk. Ce dernier, dans une étude datant de 1.896 et intitulée La contradiction non-résolue du système économique marxiste, a pulvérisé la pensée économique de Marx. Cette critique n'a apparemment jamais été réfutée par les économistes marxistes. Ludwig von Mises, également de cette école autrichienne, a démontré de manière définitive -— cette étude elle non plus n'a jamais été réfutée par les marxistes — que dans une économie entièrement planifiée et où le mécanisme du marché ne jouait plus aucun rôle, il était impossible d'établir la valeur d'un bien économique. Cette démonstration se trouve dans son étude datant de 1920 intitulée, Le calcul économique dans une république socialiste. Plus récemment, l'économiste Gary North a également démonté les fondements de la pensée économique de Karl Marx. Tous ces travaux sont apparemment ignorés de Jacques Ellul.
Mais l'erreur fondamentale de la vision marxiste de l'économie, de la société et de la politique est d'exclure de l'analyse tout élément théologique et éthique. Cette exclusion de Dieu et de la loi divine se trouve également dans la pensée économique libérale à prétention scientifique. Cette erreur fondamentale des deux grands courants qui dominent la pensée économique moderne est très utilement critiquée par les défenseurs de la pensée sociale chrétienne, tant catholique que réformée.













_________________
Veritas Vulnere Viret, Sous les coups la Vérité se renforce. (Pierre Viret)
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Augustinus

Consacré !


Inscrit le: 30 Juin 2004
Messages: 1298
Localisation: Patriarcat Virtuel

MessagePosté le: Dim Mar 25, 2007 1:24    Sujet du message: Répondre en citant

Bon, pour en revenir au sujet;

Je ne suis pas un expert en théonomie Embarassed , mais si j'ai bien saisi, il serait question, sous couvert de ce que dit Jésus au sujet de la Loi en Matthieu (5.17-20), de restaurer la Loi dans ses dimensions judiciaires autant que morales?
Il me semblait que Calvin par exemple, ne voyait pas les choses ainsi (Institution IV.XX.15).

Par contre, croyant que le chrétien doit s'impliquer dans tous les domaines de la vie (y compris civiques) en tant que Chrétien, je suis aussi d'avis que la Parole de Dieu ait son poids. Mais j'envisage ce poids, non pas comme immédiat (chaque casuistique du Pentateuque devant être appliquée), mais comme ultime (La Loi morale de Dieu, qui est d'ordre général, devant inspirer la ligne politique).

Quand à savoir si cela fait ou non de moi un théonomiste........ Rolling Eyes Confused Question
_________________
Chantez à l'Eternel, vous qui l'aimez,
Célébrez par vos louanges Sa Sainteté!
Car sa colère dure un instant,
mais sa grâce toute la vie;
le soir arrivent les pleurs,
et le matin l'allégresse.

Psaume XXX.5-6
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé Envoyer un e-mail
Pierre Benoit

Stagiaire


Inscrit le: 15 Mar 2004
Messages: 51

MessagePosté le: Dim Mar 25, 2007 13:22    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Je ne suis pas un expert en théonomie , mais si j'ai bien saisi, il serait question, sous couvert de ce que dit Jésus au sujet de la Loi en Matthieu (5.17-20), de restaurer la Loi dans ses dimensions judiciaires autant que morales?
Il me semblait que Calvin par exemple, ne voyait pas les choses ainsi (Institution IV.XX.15).


Avez-vous lu le livre d’André Bieler : La Pensée Economique et Sociale de Calvin, 550 pages, un livre capital sur le sujet car il était redoutable quand il détectait l’idéologie sous-jacente de ceux qui refusaient un engagement qui touchait aux questions politiques.

Citation:
Quand à savoir si cela fait ou non de moi un théonomiste......


Simple définition :
Théonomie.
Théo = Dieu, Nomos = Loi donc Théonomie = Loi de Dieu

L’antinomisme. (Du grec anti = contre, et Nomos = Loi ; le mépris de la Loi de Dieu, le rejet de la Loi de Dieu.
_________________
Veritas Vulnere Viret, Sous les coups la Vérité se renforce. (Pierre Viret)
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Pierre Benoit

Stagiaire


Inscrit le: 15 Mar 2004
Messages: 51

MessagePosté le: Dim Mar 25, 2007 14:00    Sujet du message: Répondre en citant

Par Théonomie j’entends Toute la Parole de Dieu, de la Genèse à l’Apocalypse.

Pendant longtemps tout au long de l’histoire de l’Eglise et qui la ruine particulièrement aujourd’hui est l’antinomisme, le mépris et le rejet de la Loi de Dieu. La Loi comme l'Évangile nous révèlent ensemble la sainteté de Dieu et Sa miséricorde, la grâce de Dieu et Sa justice.

Comme les Pharisiens aiment à se prévaloir de la Loi (qu'ils déforment et à laquelle ils ajoutent ou substituent leurs traditions humaines) au détriment de l'Évangile qu'ils anéantissent, les Anti-nomistes, eux, mettent en avant l'Évangile (qu'ils amenuisent et « superficialisent » sous prétexte de l'exalter) au détriment de la Loi qu'ils effacent.
Les Apôtres déjà, comme ensuite les Pères et les Réformateurs, tous ont dû démasquer et combattre l'antinomisme qui n'a cessé d'infester l'Église.
Le but de Dieu, tant dans sa création que dans l'œuvre de la rédemption, est d'établir, de rétablir, l'homme — et toutes choses avec lui — dans une vie, une pensée et une action propres à glorifier le Seigneur et le Sauveur.
Dans la Bible, ni la connaissance, ni l'amour, ne sont des fins en eux-mêmes, comme c'était le cas dans la pensée grecque antique, ou dans celle de l'Europe de la Renaissance, source de nos idolâtries intellectuelles et sentimentales modernes.

Connaissance et amour, comme toutes choses d'ailleurs, doivent toujours glorifier Dieu.
Connaissance et amour doivent conduire, selon l'Écriture, à l'obéissance de la foi, afin que la vie tout entière de l'homme, et toutes ses œuvres, soient conformes, par l'Esprit de Dieu, par la grâce de Dieu, aux pensées, à la volonté, pour tout dire, à la loi de notre Dieu en Jésus-Christ. Car, dans sa parfaite obéissance à la loi divine, Jésus-Christ est la révélation suprême de l'amour de Dieu.

Ainsi, en Jésus-Christ l'homme pourra parvenir au but pour lequel il a été créé : rendre pleinement gloire à son Créateur, par son obéissance à sa Parole. Alors ne séparons pas des pensées que Dieu a lui-même unies.
_________________
Veritas Vulnere Viret, Sous les coups la Vérité se renforce. (Pierre Viret)
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Augustinus

Consacré !


Inscrit le: 30 Juin 2004
Messages: 1298
Localisation: Patriarcat Virtuel

MessagePosté le: Dim Mar 25, 2007 15:17    Sujet du message: Répondre en citant

Merci pour ces définitions, mais j'aimerais que vous me disiez, plus concrètement, ce que la pensée théonomiste fait de ce genre de déclaration:

4. Dieu lui a donné aussi (à Israël), comme code politique, diverses lois judiciaires qui vinrent à expiation en même temps que le peuple Juif cessait d'être un Etat; ces lois n'obligent personne maintenant au delà de ce que l'équité générale qui s'y trouve peut exiger.

--- Confession de Westminster 19.4

____________________________
____________________________


Et aussi, sur un point plus eschatologique cette fois-ci, que pensez-vous par exemple de cet article de la seconde confession helvétique (11.13):

13. Ce même Christ reviendra des cieux pour le jugement, lorsque l’iniquité aura atteint son comble dans le monde et que l’Antichrist, ayant corrompu la vraie religion, aura rempli toutes choses de superstition et d’impiété et qu’il aura dévasté l’Eglise dans le sang et le feu. Le Christ reviendra alors pour délivrer les siens, détruire l’Antichrist par son avènement, et juger les vivants et les morts. En effet, les morts ressusciteront et, en ce jour-là (qui est inconnu à toutes les créatures), ceux qui seront trouvés en vie seront changés en un instant, en un clin d’œil. Et tous les fidèles seront pris ensemble dans les airs à la rencontre du Christ, afin qu’avec lui ils entrent dans le lieu de bénédiction et y vivent pour toujours. Mais les incrédules et impies descendront avec les démons en enfer, au feu éternel, sans jamais être délivrés de leurs tourments.
_________________
Chantez à l'Eternel, vous qui l'aimez,
Célébrez par vos louanges Sa Sainteté!
Car sa colère dure un instant,
mais sa grâce toute la vie;
le soir arrivent les pleurs,
et le matin l'allégresse.

Psaume XXX.5-6
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé Envoyer un e-mail
Pierre Benoit

Stagiaire


Inscrit le: 15 Mar 2004
Messages: 51

MessagePosté le: Dim Mar 25, 2007 17:22    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Exode 21.1 Ce sont ici les lois que tu leur présenteras: 21.2 Si tu achètes un esclave hébreu, il servira six années, mais la septième il sortira libre, sans rien payer. 21.3 S'il est venu seul, il sortira seul; s'il avait une femme, sa femme sortira avec lui. 21.4 Si son maître lui donne une femme, et qu'elle lui enfante des fils ou des filles, la femme et ses enfants seront au maître, et il sortira seul. 21.5 Que si l'esclave dit: J'aime mon maître, ma femme et mes enfants; je ne veux pas sortir pour être libre; 21.6 Alors son maître l'amènera devant Dieu et le fera approcher de la porte ou du poteau, et son maître lui percera l'oreille avec un poinçon, et il le servira toujours. 21.7 Si quelqu'un vend sa fille pour être esclave, elle ne sortira point comme sortent les esclaves. 21.8 Si elle déplaît à son maître, qui se l'était destinée, il la fera racheter; il n'aura point le pouvoir de la vendre à un peuple étranger, après l'avoir trompée. 21.9 Mais s'il la destine à son fils, il fera pour elle selon le droit des filles. 21.10 S'il en prend une autre, il ne retranchera rien pour la première à la nourriture, au vêtement, ni à la cohabitation. 21.11 Et s'il ne lui fait pas ces trois choses, elle sortira gratuitement, sans argent…etc.



Certains de ses exemples de lois n’étaient valables qu’au temps du peuple d’Israël comme Etat. La même chose avec les lois cérémonielles expliquées au l’article 19.3. Mais elles gardent quand même une signification de préfigurations spirituelles.

Par ailleurs, la pensée dite théonomiste, comme vous le dîtes, sert à expliquer qu’il faut revenir à Toute la Parole de Dieu et non pas a la dénaturer.

Mais quand aux prochaines élections présidentielles et Législatives. Il me semble pourtant évident que le chrétien optera pour le parti, le groupe ou la personne qui présentera ou témoignera le maximum des valeurs chrétiennes. Je ne crois pas une seconde qu’il votera pour un parti révolutionnaire qui contient l’essence même de l’Anti- Christianisme !

Jean-Baptiste à eu le courage de dénoncer la situation d’Hérode qui couchait avec la femme de son frère. Cela lui a couté sa tête. Aujourd’hui, nous entendons que le bêlement d’un troupeau chrétien confiné entre quatre murs le dimanche matin et la semaine se laisser intoxiquer par les médias pour diriger sa pensée et particulièrement pour les élections. Le courage, les mœurs, etc. disparaisses quand le peuple de Dieu perd la connaissance de Dieu.
_________________
Veritas Vulnere Viret, Sous les coups la Vérité se renforce. (Pierre Viret)
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Pierre Benoit

Stagiaire


Inscrit le: 15 Mar 2004
Messages: 51

MessagePosté le: Dim Mar 25, 2007 19:34    Sujet du message: Répondre en citant

N’y a-t-il que le Pape pour défendre le Christianisme ?

Après que les 27 chefs d'Etat européens ont signé ce matin, 25 mars 2007, la "déclaration de Berlin", Benoît XVI a déploré l'absence de références aux racines chrétiennes de l'Europe. Le ton est à l'avertissement :

"Une société dans laquelle la conscience chrétienne ne vit plus perd sa direction, ne sait plus où elle va et se termine dénuée de sens et ruinée (...)
Il faut une conscience chrétienne pour promouvoir la justice et le sens des responsabilités les uns envers les autres".

Dans le monde occidental domine largement l'opinion que seule la raison positiviste et les formes de philosophie qui s'y rattachent seraient universelles.
Mais les cultures profondément religieuses du monde voient cette exclusion du divin de l'universalité de la raison comme un outrage à leurs convictions les plus intimes.
Une raison qui reste sourde au divin et repousse la religion dans le domaine des sous-cultures est inapte au dialogue des cultures.

Alors que Jacques Chirac y était opposé, Angela Merkel, fille de pasteur, s'est engagée à ce qu'il soit fait mention de l'identité chrétienne de l'Europe dans le texte qui remplacera le projet de Traité constitutionnel, désormais enterré.
_________________
Veritas Vulnere Viret, Sous les coups la Vérité se renforce. (Pierre Viret)
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Ours Martin

Modérateur


Inscrit le: 16 Sep 2005
Messages: 289
Localisation: Paris

MessagePosté le: Dim Mar 25, 2007 22:52    Sujet du message: Répondre en citant

Bien , Timothée, je répondrais à tes questions un petit peu plus tard, mais tu me sembles sur la bonne voie Wink

Quelques remarques quand même à votre intention Pierre Benoit

Pierre Benoit a écrit:
Eh bien ! Maintenant je ne m’étonnerai plus de vos réactions et je vois très bien sur quelle ligne vous êtes. Je le répète vous êtes en porte à faux avec la vision du Site Réformé Confessant et je le dis tout en vous respectant comme un frère chrétien. J’aurais aimé qu’il y est plus d’intervenants et connaître en particulier l’avis du pasteur Vincent Bru qui est l’auteur de ce site et qui vous a choisit comme modérateur.


Vous n'avez AUCUNE idée de la "ligne" sur laquelle je suis, mon cher, et elle ne vous regarde pas plus que ça, permettez-moi de vous le dire en tant que frère chrétien. D'ailleurs, je ne vois pas pourquoi je devrais rester sur un ligne, je préfère avancer Wink

Vous me semblez catégoriser les gens à une vitesse incroyable, selon un mode quasi-pavlovien. Pardonnez-moi si je vous conseille de sortir de l'émotionalisme qui semble être la cause de cet état.
Quant au SRC, que j'ai vu naître, je vous remercie de m'apprendre que je suis en porte à faux avec lui. Si par être en porte à faux vous voulez dire que j'ai plus que des réserves avec certains propos qui y sont tenus, alors, oui je suis en "porte à faux". Tellement en porte à faux que le webmaistre m'a confié la modération du forum (ce que vous ne manquerez pas d'attribuer à un entrisme trotko-luthérien viasnt à saper la chrétienté).

Mais j'aimerai quand même vous rappeler que le SRC n'est PAS un site théonomiste, ne serait-ce que parce que, comme cela a été montré de façon très claire, la théonomie va à l'encontre de confessions de foi de la Réforme (surout luthériennes -grâce à Dieu!- mais aussi calvinistes).

Citation:
Concernant Barth et Kierkegaard tout comme le néo-calvinisme, je ne vous suis pas du tout. La Revue Réformée a fait paraître suffisamment d’articles concernant leurs dérivent théologiques.


Vous a t'on jamais fait remarquer que la Revue Réformée n'était revêtue d'aucune infaillibilité? Par ailleurs, ou m'avez vous vu évoquer le néo-calvinisme dans nos échanges?

Citation:
Avez-vous lu le livre d’André Bieler : La Pensée Economique et Sociale de Calvin, 550 pages, un livre capital sur le sujet car il était redoutable quand il détectait l’idéologie sous-jacente de ceux qui refusaient un engagement qui touchait aux questions politiques.


Comme s'il n'y avait de voies que la théonomie et le "refus de l'engagement"!! Vous forcez trop le trait pour être crédible, car cela vous interdit de poser correctement les termes du débat. La seule chose que j'ai dite est que l'Eglise n'a pas à intervenir dans le domaine temporel: c'est là la théologie luthérienne, qui exprime le point de vue scripturaire.

Je souris un peu en vous voyant vous référer à André Bieler après avoir cité un Berthoud utilisant Ludwig von Mises, l'un des plus grands économistes libéraux, pour contrer Ellul. savez vous qu'A. Bieler fut à l'origine d'un mouvement demandant aux pays occidentaux de donner 3% de leurs ressources au dévellopement des pays du tiers-monde et qu'il a lutté contre les pratiques contestables de la firme Nestlé. A comparer aux théonomistes qui, comme Gary North, se font les avocats du capitalisme le plus complet et qui considéreraient sans doute Bieler comme un rouge. Vous parlez de loi, mais il me semble que votre développment tombe sous le coup de la loi de non-contradiction.[/quote]
_________________
L'Ecriture sainte toute entière, du début jusqu'à la fin, indique et montre uniquement le Christ.
Luther.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Ours Martin

Modérateur


Inscrit le: 16 Sep 2005
Messages: 289
Localisation: Paris

MessagePosté le: Lun Mar 26, 2007 9:21    Sujet du message: Répondre en citant

Pierre Benoit a écrit:


Mais quand aux prochaines élections présidentielles et Législatives. Il me semble pourtant évident que le chrétien optera pour le parti, le groupe ou la personne qui présentera ou témoignera le maximum des valeurs chrétiennes. Je ne crois pas une seconde qu’il votera pour un parti révolutionnaire qui contient l’essence même de l’Anti- Christianisme !


Pierre Benoit,

une question pour vous: je vous croyais suisse, si c'est bien le cas, au nom de quoi vous aventurez-vous sur le terrain de la politique française?
Pouvez-vous nous dire pour quel parti vous votez en Suisse, et quel est selon vous le "parti français, le groupe ou la personne qui présentera ou témoignera le maximum de valeurs chrétiennes"? Qu'englobez-vous d'ailleurs sous le terme "valeurs chrétiennes"?

Merci de vos réponses
_________________
L'Ecriture sainte toute entière, du début jusqu'à la fin, indique et montre uniquement le Christ.
Luther.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Augustinus

Consacré !


Inscrit le: 30 Juin 2004
Messages: 1298
Localisation: Patriarcat Virtuel

MessagePosté le: Lun Mar 26, 2007 12:31    Sujet du message: Répondre en citant

Au ffait, maintenant que les candidats sont connus, je me demande pour qui le coeur de notre ami ursidé va pencher... Cool Wink Rolling Eyes Question

et tu ne risques pas de l'apprendre sur un forum public; j'exerce un ministère reconnu dans une église chrétienne et je suis de ce fait tenu à une obligation de réserve. Rolling Eyes Ce qui ne m'empêche pas d'avoir mes idées, bien sûr Wink . sache juste que je voterai in fine pour celui qui me semblera le plus à même d'apporter ce que je crois utile au bien de mon pays
_________________
Chantez à l'Eternel, vous qui l'aimez,
Célébrez par vos louanges Sa Sainteté!
Car sa colère dure un instant,
mais sa grâce toute la vie;
le soir arrivent les pleurs,
et le matin l'allégresse.

Psaume XXX.5-6
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé Envoyer un e-mail
Pierre Benoit

Stagiaire


Inscrit le: 15 Mar 2004
Messages: 51

MessagePosté le: Lun Mar 26, 2007 18:56    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Vous n'avez AUCUNE idée de la "ligne" sur laquelle je suis, mon cher, et elle ne vous regarde pas plus que ça, permettez-moi de vous le dire en tant que frère chrétien.



Eh bien, c’est tout dit de votre part.

Vous exigez que l’on vous réponde à ce que vous édictées et surtout pas vous ? D’ailleurs je ne vous demande pas plus que ça aussi,…sur vous !

Seulement je le dis haut et fort, Un chrétien n’a rien à faire avec l’idéologie Marxiste-Léniniste-Trotskyste, de prés ou de loin, ni avec la Révolution et l’esprit de révolution. L’Eglise peuple de Dieu doit revenir à l’obéissance de Toute la Parole de Dieu, quelle que soit le nom du mouvement, d’un groupe ou d’une personne.

Par défaut, ce sont souvent les « pierres » avisés de ce monde qui parlent le plus de ce qui est vrai et prophétisent plus souvent la vérité que ne le font les enfants de Dieu. Faut-il encore rappeler de l’existence des nuances, et de l’examen des toutes choses ou domaines, et ne garder que ce qui est bon ?
(Matthieu 3.9 et ne prétendez pas dire en vous-mêmes: Nous avons Abraham pour père! Car je vous déclare que de ces pierres-ci Dieu peut susciter des enfants à Abraham. Luc19.40 Et Jésus répondant, leur dit : je vous dis que si ceux-ci se taisent, les pierres mêmes crieront)

"Le christianisme n’est-il pas voué à devenir une simple foi, un sentiment de piété s’élevant sur le socle de morales laïques qui viendraient maintenant lui donner l’essentiel de son contenu ?". Luc Ferry, philosophe contemporain favorable à la laïcité, a le mérite de poser les bonnes questions à défaut de donner les bonnes réponses. Notre société semble marquée par deux faits d’apparence contradictoire : d’une part un retour au "religieux", à la morale, et, d’autre part, une déchristianisation massive.

Jamais la France, même sous les persécutions révolutionnaires, n’avait connu une législation et un "esprit public" aussi éloignés de l’enseignement moral chrétien. Il serait trop simpliste de juger ces intellectuels incohérents. Pour ces gens-là, très imprégnés de jacobinisme, la démocratie n’est pas un simple système constitutionnel, c’est une doctrine philosophique et politique érigée à l’état de dogme. Mais il leur faut, pour faire bonne figure, le soutien des croyants. Et c’est ici que le sentiment religieux de ceux que l’on appelle chrétiens vient justifier, au nom d’un homme nommé Jésus, la suprématie de la loi morale républicaine sur la loi des hommes.
Une saine compréhension du concept de "politique chrétienne", n’est possible qu’à condition de "rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu". Il importe, en particulier, de ne jamais perdre de vue la distinction classique entre la morale, qui vise le bien propre (et le salut) de chaque individu et la politique, qui consiste à rechercher le "bien commun" temporel de la société.

"Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu".
Plus que jamais il faut redonner à ce passage de l’Evangile toute sa portée.
L’action politique, sociale et culturelle, exige une formation spécifique, un engagement particulier différent dans sa forme et dans son style de l’engagement religieux, (Engagement chrétien ne signifie pas exclusivement engagement religieux.) même s’il en est la continuité.
La politique est un art, et cet art est propre au génie de chaque peuple. C’est dans les quinze siècles d’histoire de France qui nous précèdent, et à la lumière de la loi naturelle accessible à la raison humaine, qu’il faut chercher les sources d’une saine politique pour la France.

Le clivage idéologie/non-idéologie n’est donc pas le clivage gauche/droite qui mutile le réel d’une manière ou d’une autre. "Nous sommes las de mutiler l’homme, affirme alors Gustave Thibon, que ce soit pour l’accabler... ou pour l’adorer... Nous sommes las de le séparer de Dieu. Nous n’abandonnerons pas un atome de la vérité totale qui est la nôtre... Nous sommes pour le peuple... pour l’autorité... pour la race... pour l’Etat... pour la justice. Nous sommes pour tout cela mais pour chaque chose à sa place... Nous ne voulons rien diviniser parce que nous avons déjà un Dieu, nous ne voulons rien repousser non plus parce que tout est sorti de Dieu. Devant chaque idole, nous défendons la réalité que l’idole écrase".

Il y a donc une approche chrétienne de la politique. "Le christianisme ouvre une porte étroite de vraie libération et cette porte est de rechercher d’abord le royaume de Dieu et sa justice, le reste sera donné par surcroît... Ces choses qui sont obtenues par surcroît coïncident exactement avec celles qui sont obtenues à la sueur de son front, alors que d’aucuns invitent à une action civique ou sociale qui obtiendrait par surcroît la conversion des âmes"Jean Madiran.
_________________
Veritas Vulnere Viret, Sous les coups la Vérité se renforce. (Pierre Viret)
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Montrer les messages depuis:   
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Semper Reformanda Index du Forum -> Politique Toutes les heures sont au format GMT + 1 Heure ( heure d'hiver )
Aller à la page Précédente  1, 2, 3, 4, 5  Suivante
Page 4 sur 5

 
Sauter vers:  
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum


Powered by phpBB © 2001, 2005 phpBB Group
Traduction par : phpBB-fr.com