Semper Reformanda

[Pierre Benoit]

Aujourd’hui, ce « cactus empoisonné » infectant les relations les plus diverses, ce problème dans l’Eglise (Réformées&Evangéliques, etc.) comme dans la société mondaine où, il y a ceux qui parlent au nom de l’enracinement, de l’identité nationale et qu’on appelle, à tort bien souvent, racistes ou xénophobes. A l’opposé, il y a les antiracistes, qui rejettent l’appartenance communautaire au nom de l’homme universel, au sens mondialiste.
Entre eux, pas de débat, mais des invectives, des condamnations morales, avec en arrière-fond, le silence épais de tous ceux qui n’osent s’exprimer mais n’en pensent et, parfois, n’en agissent pas moins.

Jusqu’à ce jour, un des seuls livres en français traduit d’un auteur anglais et chrétien, John Stott, et aussi d’un autre auteur suisse, André Bieler, ont osé traiter, en partie, ce sujet si crucial, aujourd’hui comme hier.

Je partage entièrement la pensée de John Stott, dans son livre, Le Chrétien et les Défis de la vie Moderne, lorsqu’il dit qu’ « il est juste, pour un chrétien, d’avoir, ce « rêve », cet espoir, en reprenant le discours, du 28 août 1963, de Martin Luther King à Washington, le « rêve » d’une société multi-raciale ou plutôt inter-raciale.
Car la vision des rachetés de l’Ecriture est celle d’ « une grande foule que nul ne peut compter, de toutes nations, de toutes tribus, de tous peuples et de toutes langues » (Ap.7, 9).

Par-delà l’excellente analyse du rôle que jouaient le mythe de la race, les préjugés et les tensions raciales, partant des esclavagistes américains, de l’antisémitisme allemand et l’apartheid sud-africain dont nombre de chrétiens partageait et approuvaient et pour certains d’entre eux continuent encore aujourd’hui et même dans nos milieux réformés hélas, et non pas des moindres, John Stott, nous rappelle, par la Parole de Dieu de la vision inter-raciale de la société ainsi que l’apôtre Paul développant cette vérité dans son fameux discours aux philosophes d’Athènes ( Actes. 17,22-31).

L’apôtre Paul déduit de cette description du Dieu vivant, Créateur, Préservateur et Père de l’humanité, combien l’ IDOLÂTRIE du RACISME et de l’ANTIRACISME à la mondialiste sont insensés : Dieu est le Dieu de tout homme ; cette réalité devrait exercer une profonde influence sur nos relations avec Lui et avec autrui. Certes, seuls les enfants adoptés par le Père par pure grâce, et selon l’apôtre Pierre ceux de « la race élue, la sacrificature royale, la nation sainte, le peuple acquis, pour annoncer les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres a sa merveilleuse lumière, » peuvent connaître une intime relation avec Lui et sont les membres de sa famille avec leurs frères et leurs sœurs en Jésus Christ.
Dieu est le Père de tous les hommes car ils sont tous « de sa race » par création, et nous sommes frères et sœurs de tous les êtres humains. Il est même dit dans Job. 40.10 Vois donc le Béhémoth (l’hippopotame), que j'ai fait aussi bien que toi ; il mange l'herbe comme le bœuf.
Dieu nous a créés - en son image - : à ses yeux, nous avons tous la même valeur et la même dignité. C’est pourquoi nous avons tous droit au respect, la justice et à la paix.
Hormis la distinction des quatre groupes sanguins et le facteur rhésus (qui sont présents dans tous les groupes ethniques), l’anthropologue physique Ashley Montagu, affirme cette réalité que « le sang de tous les êtres humains est en tout point identique ».
Les croisements entes races ne représentent aucune menace contre l’humanité. Nous devons donc rejeter toutes les craintes entretenues par le mythe biologique des Afrikaners et d’Hitler que ravive tous les Nationaliste à l’idée de la supériorité de la race blanche, en notre temps.

Seule une bonne théologie, la révélation biblique de Dieu, peut nous délivrer de l’Orgueil et des Préjugés raciaux. Parce que Dieu est le Créateur, il faut affirmer l’unité de la race humaine. Parce qu’il est le Dieu de l’Histoire, il faut affirmer le bien-fondé de la diversité des cultures. Parce qu’il est le Dieu de la révélation, il faut affirmer que le Christ est la référence ultime. A cause du caractère glorieux de l’Eglise, nous devons chercher à nous libérer de tout - Reste de Racisme - et à faire de la communauté chrétienne un Exemple d’harmonie entre les races.

Existent-ils d’autres ouvrages majeurs et chrétiens traitant de ce fléau ?

[Pierre Benoit]

Ce qui est étonnant, c’est le constat criant, encore aujourd’hui au 21 ème siècle, du peu d’intérêt parmi les chrétiens Réformés et Evangéliques, de vouloir traiter le problème racial contemporain en Europe et en Amérique sans mentionner son origine : l’esclavage et la traite des esclaves. Ecartant le réel problème actuel de l’immigration incontrôlée à nos frontières visiblement voulu par les mondialistes et la mondialisation de marché, voulant « noyer » les lois naturelles et juridiques régissant les relations internationales, aucun Britannique, Français ou Suisse, doué de quelque sensibilité, ne peut saluer un Antillais ou un français d’outre-mer, par exemple, sans voir en lui un virtuel descendant d’esclaves (nègres, mulâtres, métis, eurasiens, etc.) ou bien de visiter ces îles paradisiaques sans se souvenir des « phénomènes sociaux qui demeurent parmi les plus sombres de l’histoire humaine » : le trafic effroyable d’êtres humains auquel l’Angleterre et la France (et dans une moindre mesure la Suisse avec ses financiers) se sont livrées. « Ce trafic est si REMUNERATEUR, si lucratif qu’il n’est pas jusqu’à la reine Elisabeth elle-même qui ne dédaigne d’y engager des fonds et de mettre un navire, le « Jésus » ( !), à la disposition des trafiquants ». [Entre les «…», tirés du livre d’André Bieler, La Pensée Economique et Social de Calvin, 1959, 562 pages].
Dns ce magnifique livre, nous pouvons lire de nombreux extraits des sermons de Calvin et en l’occurrence sur l’esclavage, le Deutéronome Ch.15.
A. Biéler, mentionne que « c’est pour avoir oublié cet enseignement capital de la Bible et du réformateur sur les conditions nécessaires à la libération de l’esclavage que les descendants de Calvin, les puritains pionniers de l’abolitionnisme aux 18 ème et 19 ème siècles accomplirent une œuvre généreuse mais incomplète. Leur individualisme religieux qui n’avait gardé qu’une partie du sens social de la Réforme ne sut pas voir que, faute d’une transformation parallèle de l’économie, ils précipitaient souvent ceux qu’ils voulaient affranchir dans une nouvelle servitude, celle de la plantation capitaliste de leurs anciens maitres.»

« Mais nous voyons pourtant, d’après les rares essais de colonisation calviniste que nous allons étudier, que l’idée de l’esclavage et de l’inégalité des races était tout à fait étrangères aux protestants du début de la Réforme. Bien plus : habitués à considérer toute créature humaine sous l’éclairage de la rédemption de Jésus Christ, ils sont prêts à commencer une œuvre d’évangélisation et de mission auprès des indigènes. »

D’autres sections suivent encore comme, Le réalisme réformé écarte aussi bien le racisme discriminatoire que l’exotisme romantique ; But premier l’exploration : l’évangélisation, et non pas le colonialisme commercial ; Toute barrière raciales sont abolies en Christ ; etc.