Semper Reformanda

[Calvinius]

30/12/2005 : Le grand retour du créationnisme
Pasteur Vincent Bru

Le dernier numéro de la revue mensuelle Science et Vie (décembre 2005) a attiré mon attention. Celle-ci titre, en première de couverture : « L’évolution a-t-elle un sens ? » et en sous-titre, avec trois alinéas : « Des scientifiques affirment que oui. Pour eux l’homme serait programmé », et en troisième alinéa : « Le grand retour du créationnisme ? »

Disons d’emblée que les trois auteurs de l’article, qui s’inscrivent dans la ligne des héritiers de Charles Darwin, qui prétendent expliquer toute la complexité du vivant sur la seule base du hasard et de la sélection naturelle, avouent leur scepticisme par rapport au sujet évoqué.

Néanmoins, il est intéressant de constater qu’un nombre croissant de chercheurs se détournent des théories évolutionnistes matérialistes classiques pour faire intervenir les notions de sens et d’intelligence. Je cite :

« L’idée que la prodigieuse complexité du vivant ne peut être due qu’au seul hasard resurgit spectaculairement aujourd’hui : venant d’horizon divers, des chercheurs soutiennent en effet que la nature cacherait un « dessein intelligent ». Et un peu plus loin : « L’évolution des espèces comme la complexité du vivant ne peuvent s’expliquer que si un « programme intelligent » est à l’œuvre dans la nature : cette thèse de nombreux chercheurs la soutiennent ouvertement. » (p. 60)

Dans un encadré intitulé « le grand retour du créationnisme », l’article affirme, non sans ironie :

« Jamais les créationnistes n’ont autant fait parler d’eux. Depuis que Georges Bush a assuré publiquement, le 2 août dernier, son soutien à la « théorie » d’une origine divine de la vie, la jugeant digne d’être enseignée dans les écoles au même titre que la théorie scientifique de Darwin, ils exultent. Si l’on en croit les sondages, près de 40% des Américains adhèreraient à ce mouvement de pensée issu du fondamentalisme biblique. Fort de ce succès ils se dotent même aujourd’hui d’un « musée de la création » dans le Kentucky qui raconte l’histoire de la vie d’un point de vue religieux. » (p.63)

L’article poursuit en disant que bon nombre de « créationnistes » ont changé de stratégie par rapport à leur devanciers qui opposaient à la théorie évolutionniste de Darwin et de ses successeurs la théorie traditionnelle fixiste, c’est-à-dire le caractère inchangé des espèces. Je cite : « Aujourd’hui, les néo-créationnistes se rangent sous la bannière de l’ « Intelligent Design », un mouvement né aux Etats-Unis il y a 40 ans et qui diffuse ses idées dans le monde, notamment en France où il a ses adeptes, dont certains scientifiques. » (p. 63)

Alors, force est de constater que cette nouvelle approche de l’évolution a acquis ses lettres de noblesses chez bons nombre de théologiens qui n’hésitent pas à parler d’ « évolutionnisme théiste » ou de « créationnisme progressif » pour expliquer l’acte créateur de Dieu à travers l’hypothétique évolution des espèces.

Pour terminer je voudrais simplement dire que, quelque soit notre lecture ou notre interprétation des trois premiers chapitres du Livre de la Genèse, la notion de création est constitutive de la foi chrétienne. Le Symbole des Apôtres confesse : « Je crois en Dieu le Père Tout-Puissant, créateur du ciel et de la terre ». Et l’Ecriture Sainte s’ouvre avec cette affirmation incontournable : « Au commencement Dieu créa le ciel et la terre ». C’est dire si la foi chrétienne s’oppose résolument à l’interprétation matérialiste de l’origine de la vie telle qu’elle est enseignée aujourd’hui encore et largement diffusée dans les médias, et au sujet de laquelle le philosophe Jean Brun disait avec justesse : « Cette « théorie » s’est imposée parce qu’elle était surdéterminée par tout autre chose que par des démonstrations scientifiques qui lui font d’ailleurs totalement défaut (…) Il s’agit là de spéculations gnostico-biologiques qui n’osent se reconnaître comme telles. » (in L’Europe philosophique, Ed. Stock, 1988, p. 312)

Je conclus par une citation de l’auteur de l’Epître aux Hébreux : « C’est par la foi que nous comprenons que le monde a été formé par la Parole de Dieu, de sorte que ce qu’on voit ne provient pas de ce qui est visible. » (Hb 11.3)
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" Il n'est pas de domaine de la vie des hommes dont le Christ ne puisse dire : "c'est à moi"" (Abraham Kuyper)

[Athanasius]

A mon avis, c'est trop solliciter la science quantitative que de tenter de lui permettre de se prononcer sur la véracité de thèses philosophiques. Car, elle est du domaine de l'avoir et ces thèses sont du domaine de l'Etre: peut-on calculer le Créateur ou le panthéisme?Non! L'in-fini ne se calcule pas.

Toujours est-il que si on enseigne dans les écoles les thèses du matérialisme darwinien,alors rien ne s'oppose à ce qu'on enseigne le créationnisme évolutionniste. Sinon, qu'on s'abstienne de tout enseignement de thèses invérifiables quantitativement. Une suggestion ou une présupposition ne sera jamais une preuve! Je ne comprend pas le débat qui agite les opposants sur cette question aux U.S.A. De plus, ceux qui veulent tourner en ridicule l'"intelligent desing", en proposant une origine extra-terrestre autre au réel devraient faire attention:on ne peut confondre l'in-fini et le fini. Donc, dès que l'on admet une création, même par une réalité finie, inévitablement la question de l'origine de cette réalité rebondira vers une origine infinie du réel, soit:le Créateur.

D'un autre côté, admettre que le Créateur soit détectable quantitativement, c'est affirmer la nécessité de la création, le panthéisme, car la régularité des lois physiques impliquent la nécessité de leurs causes. Et si le Créateur n'est plus libre, alors, il n'existe pas.

En conclusion, il est aussi imprudent pour les théistes que pour leurs adversaires de tabler sur la science quantitative pour affirmer leurs thèses. Il vaut mieux laisser cela à la Foi(Heb11)ou à la philosophie.

[Augustinus]

Les magazines "le point" et "l'expresse" se sont aussi mis à en parler, la question de Dieu faisant leur page de couverture...
J'ai l'impression que ça cogite en ce moment, et que de grands boulversements sont à prévoir. Ou cela va-t-il mener?
L'homme est assez tordu pour que, même si Dieu était de plus en plus admis comme la seule possibilité, cette conclusion les mènes à l'idolâtrie et en enfer
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Chantez à l'Eternel, vous qui l'aimez,
Célébrez par vos louanges Sa Sainteté!
Car sa colère dure un instant,
mais sa grâce toute la vie;
le soir arrivent les pleurs,
et le matin l'allégresse.
Psaume XXX.5-6